Jeudi dernier, le calendrier liturgique évoquait la figure de Thomas d’Aquin. Ce Dominicain est une des plus grandes figures de l’histoire de l’Église catholique. Éminent théologien, Thomas a exercé et exerce encore une grande influence sur la pensée de l’Église. Cet intellectuel s’est manifesté également dans des œuvres poétiques qui ne manquent pas de souffle. Je pense en particulier à l’Office du Saint Sacrement dont il est l’auteur.
On raconte qu’au cours de son enfance, Thomas d’Aquin demandait souvent : «Dieu, c’est quoi?» Cette question, il l’a portée tout au long de sa vie, dans toute son œuvre théologique. Finalement, à la fin, il avoua humblement que sa recherche n’arrivait pas à cerner Dieu et n’avait pas plus d’importance que la paille.
Qui est Dieu? La question traverse les millénaires de l’humanité. Depuis les premiers signes de la présence humaine sur terre, les hommes et les femmes cherchent à percer le mystère de Dieu. Jusqu’à tout récemment, à peine quelques marginaux niaient son existence. L’athéisme et l’agnosticisme ont gagné du terrain. Les athées se retrouvent plus nombreux de nos jours. La recherche de Dieu demeure et prend des chemins inattendus.
Qui est Dieu? La question est fondamentale. Elle est reliée à la quête de sens. Reliée à d’autres questions comme : «Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? » On ne peut évoquer Dieu sans parler de l’être humain. Poétiquement, les premières pages de la Bible reconnaissent en l’être humain une image de Dieu. L’homme et la femme ressembleraient à Dieu. Que de croyants et de croyantes ont deviné Dieu en se penchant sur leurs semblables. Paradoxalement, ce sont souvent les pauvres, les petits, les plus humbles qui manifestent le mieux la grandeur de Dieu!
Qui est Dieu? La réponse n’est pas facile à trouver. Il faudrait plutôt parler de fragments de réponse. Nous avançons à tâtons dans le mystère de Dieu. Même les intuitions les plus justes ne sont qu’embryonnaires. Les réponses qui semblent les plus justes sont souvent les négatives : Dieu n’est pas ceci ou cela! Dieu est l’autre, le Tout Autre, l’intouchable, l’inatteignable, l’invisible! On attribue à saint Grégoire de Naziance un poème qui commence ainsi : «Ô toi, l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi?»
Faut-il alors abandonner la recherche? Faut-il cesser de mettre Dieu dans notre quête de sens? Au contraire, il faut continuer de scruter le mystère. Dieu demeure et demeurera toujours une question. C’est là sa réalité la plus profonde. Et nous resterons toujours des mendiants qui devront accepter de porter la question tout au long de leur vie. L’exemple de Thomas d’Aquin ne peut que soutenir notre quête. Et tant d’autres, depuis des siècles, qui ont marché ou marchent encore comme s’ils voyaient l’invisible (Cf. Hébreux 11, 27).