Je rentre de l’hôpital. Je suis allé visiter un ami qui lutte pour retrouver la santé. Une maladie sérieuse l’a attrapé. Malheureusement pour lui… Et pour moi aussi : on souffre toujours du mal de nos amis.
Je regardais son teint pâle, ses grimaces quand la douleur le surprenait, ses larmes de découragement. Sa fragilité! Ma fragilité! La fragilité de tout corps et de tout esprit humains! Mon ami, comme un miroir, me renvoyait la faiblesse de nos êtres respectifs.
Nous vivons au sommet de l’univers, nous les pensants, les intelligents, les presque parfaits. «À peine le fis-tu moindre qu’un dieu», dit le psaume à propos de l’être humain (8, 6). Mais nous avons le sommet fragile. Nous nous effritons lentement. Un film annonce la fin du monde pour le mois de décembre 2012. Mais, dans les faits, chacun a le «privilège» (!!!) de sa propre fin du monde, une fin plus repérable que celle de la planète. Et sans presqu’aucun doute, une fin plus proche que l’autre.
Nous avons l’habitude de voir la mort hors de soi, le microbe qui viendra d’ailleurs pour élire domicile au plus intime de nous-mêmes, la faucheuse qui s’approchera avec le malin désir de nous écrabouiller. Mais, en réalité, la mort nous habite depuis notre conception. Nous sommes mortels. L’humoriste proclame que la vie est une maladie mortelle transmise sexuellement. Nous avons la mort proche de la naissance et la fin à côté du commencement.
Je regardais mon ami malade. Dans notre conversation ponctuée de longs silences, j’osai risquer le mot : confiance! Moi, le bien portant, j’ai osé parler de confiance! C’est facile d’avoir confiance quand tout va bien. C’est facile d’espérer quand la vie nous sourit. Mais quand on séjourne à l’hôpital… J’ai eu peur d’avoir prononcé un mauvais mot. Mon ami m’a tout simplement répondu : «Oui! Confiance! » Et le silence a repris ses droits dans notre conversation.
Chacun de nous deux laissait le mot résonner en lui. Le mot qui peut s’apparenter à la fatalité : faisons appel à la confiance puisqu’il n’y a pas d’autre solution. Un peu comme on dit en désespoir de cause: «Il ne reste que la prière!», autrement dit : pas de vraie possibilité!
Mais la confiance peut signifier aussi le contraire et devenir un mot défi! Un mot courage! Un mot audace! Un mot malgré-tout! Un vrai mot prière! Un mot ouvert pour qu’il y ait un peu d’avenir dans le présent. Un mot programme, comme un itinéraire à parcourir, en étant bien conscient qu’on ne devient pas confiant du jour au lendemain, et que la confiance se gagne en combattant.
Un jour, une femme malade, qui souffrait d’hémorragies depuis longtemps, traversa une foule compacte et tumultueuse en quête d’une guérison. Dans la bousculade, elle entendit dire : «Confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée!» (Matthieu 9, 22) C’était Jésus qui appelait ainsi à l’avenir une femme dont le passé et le présent n’offraient aucune chance.