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Force tranquille dans la nuit

Imprimer Par Jacques Marcotte

Hier soir, à la suite d’une longue marche sur les Plaines d’Abraham – un parc célèbre qui s’étale à Québec depuis la citadelle qui surplombe la vieille ville jusque loin vers l’ouest – , j’allais quitter les lieux quand je fis une rencontre à première vue insolite. Déjà la brunante avait cédé la place à la nuit profonde. La lune était presque toute voilée de ces nuages qui progressaient dans le ciel. Devant moi s’amenait un long cortège. Une foule de gens qui déambulaient sans bruit dans la nuit. Ils portaient des bougies. Des ballons flottaient au-dessus de leurs têtes. Ils étaient au-delà de 150 personnes. De jeunes parents avec leurs enfants. Des adolescents. Des adultes. Même de petits chiens les accompagnaient, tirant sur leur laisse. Cette foule bigarrée s’avançaient en silence. On aurait dit une procession d’antan.

Le temps calme qu’il faisait, permettait d’entendre le silence de tout ce monde qui circulait gravement dans un grand recueillement. J’appris d’un participant qu’il s’agissait d’une marche de 5 kilomètres à travers les Plaines dans le but de recueillir des fonds pour la lutte contre la leucémie. Les fonds amassés serviraient au financement de recherches plus poussées sur toutes les maladies du sang.

Je contemplai avec émotion la force tranquille de ce groupe de marcheurs. Ils allaient calmement leur chemin dans ce décor féerique qu’ils créaient à mesure de leur déplacement, leurs bougies éveillant les arbres qu’on aurait dit émus de leur passage. Une grande paix régnait. Le charme et la magie de ce beau soir d’automne donnaient à ce rassemblement une impressionnante dignité.. Il y avait quelque chose de religieux et de mystique dans ce défilé.

Et je me suis dit qu’il y avait une bien belle et bonne chose qui se passait cette nuit chez nous. Ce n’était pas un samedi soir comme les autres. Ce soir des gens veillaient, se solidarisaient en grand nombre dans une lutte contre un mal qui accable tant d’hommes et de femmes de tous âges, peut-être surtout des enfants. Et je me suis félicité d’avoir été sur leur chemin. Pour apprendre d’eux l’engagement et le dévouement et la mise en œuvre efficace un beau projet collectif.

« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous », disait l’évangile de ce matin. En méditant cette parole, mon expérience d’hier soir m’est venue à l’esprit. J’ai revu cette foule étonnée d’elle-même, émerveillée peut-être du beau geste qu’elle posait. Ces gens avaient-ils la foi ? Étaient-ils chrétiens pratiquants ? Étaient-ils tous de chez nous ? Plusieurs étaient-ils venus d’ailleurs ? Peu importait. Ce qui comptait c’était leur engagement pour de belles valeurs d’humanité. Ce qui comptait c’était leur solidarité exprimée pour une cause juste et sainte, c’étaient qu’ils oeuvrent ensemble pour changer la vie souffrante d’un grand nombre de personnes atteintes du cancer du sang. Ce qui comptait c’était tout ce monde mobilisé, osant sortir d’eux-mêmes, allant vers les autres, marchant avec les autres, pour rendre notre monde meilleur. Je suis fier de ces gens aperçus hier. Ils m’ont rempli le cœur d’espérance et de joie. Leur force tranquille fut pour moi un signe de l’avancée d’un monde nouveau.

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