Une nourriture au désert
Comme Jésus avait dit : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel », les Juifs récriminaient contre lui : « Cet homme-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire : ‘Je suis descendu du ciel’ ? »
Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle.
Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas.
Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
COMMENTAIRE
Comme les dimanches précédents et à venir, qui déroulent le chapitre 6 de Jean, l‘évangile nous propose une réflexion théologique sur Jésus pain de vie. On y retrouve, entrelacés, plusieurs thèmes chers à Jean : voir, croire, le lien Fils-Père, le monde, la vie, l’éternité, …
Cette réflexion est enracinée dans les Écritures de la Première Alliance. L’expérience de l’Exode, le passage au désert, y est évoqué avec la récrimination du peuple contre Dieu et avec la manne donnée en nourriture. Et les prophètes sont convoqués, avec leur annonce d’une connaissance intérieure venant de Dieu
Tous ces thèmes et ces évocations bibliques convergent autour de la figure de Jésus. Les gens murmurent contre lui, il va donner une manne qui nourrit pour la vie éternelle; il est vraiment la présence du Dieu vivant parmi nous. Et ce pain qu’il donne, c’est finalement sa propre personne, car il est le ressuscité qui nous partage sa vie. Ce don est lié à l’expérience eucharistique, qui ne se comprend et n’est possible qu’à la lumière de la résurrection.
En même temps, il s’agit bien d’un homme, Jésus, fils de Joseph, qui a partagé notre condition et notre histoire. Pour Jean, Jésus est le Verbe fait chair, venu du ciel, c’est-à-dire de Dieu, mais vraiment homme. Par sa résurrection, il nous partage sa vie de ressuscité ; c’est ainsi que par lui nous avons accès à une vie qui dure, à une vie éternelle. Nous entrons avec lui et par lui dans le monde du Dieu vivant, du Dieu de vie.
Jean offre une réflexion théologique dense et qui n’est pas facile. Elle peut sembler trop abstraite ou mystique. Mais par-delà les difficultés du langage, des symboles et références, une profondeur de vision y est proposée. Les différents éléments de la vie chrétienne s’y retrouvent, de l’expérience croyante à l’eucharistie en passant par les Écritures. Ils sont tous centrés sur la figure lumineuse du Christ, le pain de vie qui nous nourrit dans nos déserts.
De plus, cette expérience n’est pas réservée à quelque élite initiée. Elle est accessible de façon simple par la confiance croyante en Jésus le vivant, par l’approfondissement de la Parole, par la vie fraternelle et ses relations de mutualité, et par les assemblées qui font mémoire du don de Jésus et de sa croix glorieuse.