Un vrai pasteur
Jésus disait aux Juifs : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.
Le Père m’aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »
Commentaire
L’image du bon pasteur est très évocatrice. Pour les lecteurs des Écritures, elle rappelle le visage du Dieu vivant et de son Roi-Messie à venir : les Prophètes et les Psaumes les présentent comme de vrais bergers qui se préoccupent du peuple, qui ne l’abandonnent pas, contrairement aux dirigeants royaux. Jésus en Jean s’applique cette image à lui-même. Cela dit qu’il est le visage du Dieu fiable et engagé et qu’il est son envoyé mettant en œuvre sa bienveillance.
Cette image aussi suggère plusieurs attitudes, dont Jésus est le témoin privilégié et qui peuvent inspirer les nôtres aujourd’hui. Le pasteur bon est quelqu’un qui vit dans un monde de relations et de personnes. Il est attentif à chacun, il connaît ses brebis personnellement et cette connaissance est réciproque. Il prend soin de chacune et de l’ensemble. Et il s’engage pour elles, il n’est pas limité à des tâches à remplir pour gagner sa vie. C’est sa personne même qu’il donne dans ses engagements. Il prend des risques pour protéger les siens, il n’est pas en extériorité par rapport à sa mission. Jésus l’a montré jusqu’au bout, par son don sur la croix.
Son univers est vaste, plus large que sa bergerie actuelle. Son attachement et sa générosité ne l’enferment pas dans le monde immédiat de ses proches. Il porte le souci d’autres brebis à venir et de l’unité de toutes les bergeries entre elles. Sa qualité de pasteur est universelle. Jésus le Christ vivant en est l’incarnation.
Il est dans un monde de relations non seulement avec les brebis mais aussi avec une source de vie, le Père, avec qui il est lié dans une filiation confiante et une connaissance mutuelle. Il n’est vraiment pas un solitaire. Jésus s’est inscrit dans cette communion.
De plus, cette image du bon pasteur est une des premières que les chrétiens de l’Antiquité ont utilisé pour montrer Jésus. Dans des sarcophages et sculptures, des fresques des catacombes et des mosaïques, les chrétiens des premiers siècles ont privilégié ce visage d’un Jésus bienveillant, relationnel et donné. Cela peut encore nous toucher aujourd’hui.
Ce dimanche, dans l’Église universelle, est celui de la journée des vocations. Il y a en effet de quoi inspirer toutes sortes de vocations, presbytérales, laïques, religieuses, et des nouvelles qui apparaissent. Devenir un vrai pasteur, de diverses manières, dans des engagements personnels, bienveillants et risqués, dans une relation confiante avec le Dieu vivant et un souci de la communion de l’ensemble, voilà un appel qui demande des réponses. D’autres images sont présentes dans les Évangiles et chez Jésus pour parler de ces appels, comme celles du serviteur et du pêcheur. Mais celle du pasteur a son caractère unique et demeure une voie privilégiée, depuis les temps antiques, pour comprendre qui est Jésus et pour s’engager à sa suite.