On a enlevé le Seigneur
et je ne sais où on l’a mis.
Pourtant
ce matin encore sombre, ce matin gris,
tout semble changer, le monde un immense jardin.
Le monde autour du tombeau vide
autour de tant de charniers trop pleins,
semble un paradis.
Le silence railleur se dissipe.
Et voici, au milieu des fleurs, le jardinier :
”Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi…”
Mais soudain j’entends mon nom,
il m’appelle et je suis, dans son appel je suis,
la cendre s’envole dans le vent de l’Esprit.
C’est Toi, c’est Toi, je Te reconnais Rabbouni.
Ton corps transfiguré se dévoile
en remplissant tout.
Il est cet Amour qui fait
que les hommes sont mes frères.
Et toi, tu es là, invisible
dans le pain et dans le vin
et dans tout visage, tu es là.
Olivier Clément, théologien orthodoxe (1921-2009)