Quand le mois d’août tricote ses derniers jours, nous nous apprêtons à accoster au port d’une nouvelle année. Les jeunes renouent avec leur sac d’école. Les grands redémarrent le train de la vie régulière aves ses bouchons de circulation au début de la journée et en fin d’après-midi. Même les désoeuvrés se permettent de changer quelques habitudes.
À la fin des vacances et à la reprise du travail, le temps attire notre attention. Il clignote pour annoncer un virage. Les enfants et les adolescents se préparent à plonger dans une autre année scolaire. Les adultes calculent les années qui restent avant la béatifique étape de la retraite.
Cet entre-deux a plus d’impact sur notre santé psychologique que nos premiers cheveux blancs. Une fois de plus, le temps nous rappelle qu’il coule comme l’eau de la rivière. Imperturbablement. Rapidement, les vagues glissent ailleurs. Le présent ne reste jamais longtemps. Il fuit rapidement au pays du passé. Il devient souvenir.
Heureusement, le temps ne se contente pas de s’en aller. Il s’en vient aussi. Il apporte de l’avenir. Il est créateur. En le voyant passer, nous rêvons à ce qu’il entraîne dans sa farandole. Nous espérons.
Que sera cette nouvelle étape qui commence avec septembre? On peut deviner quelque peu. On peut espérer beaucoup. Une grande partie du temps nous échappe cependant. Mais il en reste suffisamment que nous pouvons gérer nous-mêmes. Nous pouvons être les maîtres de notre temps, si nous le voulons bien. Cette partie du temps que nous pouvons maîtriser peut influencer celle qui nous échappe.
Le temps nous bouscule. Nous courons. Nous nous essoufflons à poursuivre le temps. Nous inventons des moyens de faire plus rapidement notre travail. Mais nous utilisons mal le temps gagné ainsi. Nous nous empressons de le remplir alors qu’il pourrait rester un espace vide, un désert qui nous invite à rentrer en nous-mêmes, comme l’horizon de l’océan qui nous invite à l’intériorité.
Pourquoi, cette année, ne pas nous offrir le doux plaisir de goûter le temps, une petite plage de rien du tout que nous meublerions à l’occasion de silence, d’attention au temps qui passe?…