Jean Chrysostome (« bouche d’or », 344-407), prêtre austère et éloquent et d’Antioche, devint en 398 archevêque de Constantinople. Pur et dur, il provoqua la colère de l’impératrice Eudoxie et fut envoyé en exil à deux reprises où il mourut en 407. Sa grande admiration pour saint Paul venait de l’amour ardent que l’un et l’autre vouaient au Christ. Pour Jean Chrysostome, Paul était le prédicateur par excellence de l’Évangile et le missionnaire ardent du salut de tous en Jésus Christ. En cette année dédiée à saint Paul, nous vous offrons un passage d’une homélie de Jean Chrysostome sur son apôtre favori.
Avec la dimension qui était la sienne, Paul, s’agissant de la vertu la plus haute, la charité, se montrait plus violent que la flamme même. Et comme le fer, jeté dans le feu, devient tout entier du feu, lui aussi, enflammé du feu de la charité, devenait tout entier charité. Comme s’il était le père commun de tous les peuples de la terre, il imitait exactement ce que font les pères, et même il les surpassa tous, car sa sollicitude était d’ordre matériel, mais aussi d’ordre spirituel, et pour ceux qu’il aimait, il prodiguait son argent, ses paroles, ses forces physiques, sa vie même, tout.
Ainsi appelait-il la charité la plénitude de la loi, le lien de la perfection, la mère de tous les biens, le principe et l’accomplissement de la vertu. C’est ce qui lui faisait dire : « La finalité de cette injonction c’est de faire naître la charité dans un cœur pur, une conscience droite. » (1Tm 1,5). Ailleurs, il affirme les préceptes : « Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas », et tous les autres sont récapitulés dans la formule « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Rm 13, 9)
Si donc la charité est principe et fin, si elle est à elle seule toutes les vertus, qu’elle soit le terrain de notre émulation avec Paul. Ce qu’il fut, c’est la charité qui en est l’auteur. Ah! Ne venez pas me parler des morts qu’il a ressuscités, des lépreux qu’il a guéris : ce n’est pas là-dessus que Dieu vous demandera des comptes!
Développer la charité, cette charité qui caractérise Paul, et vous recevrez la couronne montée avec perfection. Qui vous donne cet ordre ? L’homme même qui a fait croître en lui la charité, cet homme qui l’a fait passer avant les signes, les prodiges et mille autres choses. Lui qui l’a vécue absolument en perfection fut le plus à même d’en mesurer très exactement la puissance. Ce qu’il fut, encore une fois, c’est la charité qui en est l’auteur, et rien ne fit sa valeur comme la force de la charité. Aussi pouvait-il déclarer : « Recherchez les dons supérieurs ; et je vais encore vous indiquer une voie qui les dépasse toutes » (1Co 12, 31), il faisait allusion par là à la charité, la voie la plus belle, et une voie aisée.
Marchons à notre tour, dans cette voie, et sans nous arrêter, et ainsi nous rencontrerons Paul, ou plutôt son Seigneur, et nous obtiendrons les seules couronnes qui restent intactes, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles.
Amen.