À Québec, nous sommes à l’heure de l‘Eucharistie. Tout l’monde bientôt va en parler. Depuis des mois et des années on y travaille beaucoup. Le Congrès International, prévu pour la semaine du 15 au 22 juin 2008, occupe l’avant plan de tout ce que nous abordons en pastorale diocésaine depuis longtemps. Il se produit une sorte d’inflation organisationnelle autour de ce grand projet. C’est la référence constante. C’est le thème obligé. Au risque d’ennuyer les gens ou de banaliser les propos sur le sujet.
Le mystère de l’Eucharistie toujours nous interpelle. Il est lié à une pratique, à une tradition qui a été bouleversée depuis un demi siècle. Plusieurs chez nous ont peine à s’y retrouver avec la messe et ils l’ont carrément délaissée. Il s’est produit une désaffection de nos rites, associée à beaucoup d’autres délaissements et remises en questions. L’Eucharistie n’a donc pas la vie facile. Sa pratique chez nous est l’objet de tensions, de mal compréhension.
Le congrès arrive-t-il trop tard? La réflexion qu’il apporte et les approches qu’il nécessite sont-elles trop fortes pour nous? Le train des événements du Congrès va-t-il passer à côté de nous? Le risque est grand que l’immense fête ne vienne pas changer grand-chose. N’y a-t-il pas danger qu’on s’en tienne à la langue de bois, aux spectacles et aux parades, aux grandes manifestations officielles, hautes en couleurs épiscopales et doctorales, sans que tout cela ne rejoigne véritablement notre âme et notre intelligence commune de la foi?
Il nous suffirait pourtant que ce long exercice nous donne de retrouver une pratique plus vivante, plus libre, plus authentique et vraie de l’Eucharistie. Dans l’humilité et la sincérité des rites épurés, du sens retrouvé. Non pas un jeu avec le mystère et une démarche chosifiante. Mais un chemin de communion avec Dieu et entre nous dans la simplicité et la beauté des gestes et des paroles redevenus expressifs, nous rendant accueillants au mystère toujours neuf de la Pâques du Christ. Quand on en aura tout dit, tout scruté, tout « dévoilé », peut-être serons-nous à pied d’œuvre, enfin capables de nous arrêter pour « vivre » l’Eucharistie, la Pâque du Seigneur… et en goûter profondément les fruits.
Jacques Marcotte, OP
Québec