Un Esprit de communication
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Commentaire :
Dans le temps liturgique, qui rythme l’année d’une manière différente du cycle de l’économie ou des saisons, nous sommes actuellement entre Pâques et Pentecôte. Et le texte de Jean nous parle justement de Jésus vivant, manifesté à ses disciples, et de l’Esprit, promis aux disciples.
Il s’inscrit dans les débuts du discours d’adieu de Jésus à la Cène, faisant suite à celui de dimanche dernier. Les mêmes thèmes johanniques s’y retrouvent et s’y entrecroisent : voir, connaître, demeurer, lien entre le Père et le Fils, amour, … Mai un élément nouveau y est développé : l’Esprit de vérité. Il est présenté comme un défenseur, c’est-à-dire une sorte d’avocat de la défense, qui est là pour nous soutenir et nous protéger.
On peut lire l’ensemble de l’Évangile selon Jean comme un grand procès, entre Jésus et le monde, où plusieurs témoins viennent prendre la parole et appuyer ou condamner Jésus. Le tout culmine d’ailleurs avec la Passion de Jésus et sa mise à mort. Mais celui qui semble perdre est finalement victorieux et source de vie. Le condamné est celui qui sauve. Il ne vient pas juger mais donner la vie.
Les disciples, à la suite de Jésus, continuent sa passion et sa résurrection; ils poursuivent cette histoire sacrée, ce drame, à la fois témoins et accusés, optant pour donner vie à leur tour. Cela n’est pas possible sans un appui intérieur, qui est l’Esprit de Jésus vivant. Il aide à ne pas sombrer dans le découragement face aux difficultés. Il aide à résister avec vigueur mais sans haine face aux forces de mort et de mensonge.
Cet Esprit nous habite de l’intérieur. Il y a en Jean une perspective sur l’expérience spirituelle qui est profonde et éclairante. Elle permet de se situer dans une approche chrétienne, fidèle à Jésus le Christ. Elle est centrée avant tout sur les relations. Non sur des idées, des actions, des sentiments, ou des tâches. Elle est centrée sur le mystère des personnes, divines et humaines, et sur leurs relations. Entre le Père et le Fils, entre le Fils et nous, entre le Père et nous, entre l’Esprit et le Fils, entre l’Esprit et nous, …
Ce langage, en Jean, peut nous sembler parfois difficile et étrange. Mais il est simplement une autre manière de parler de ce qui se trouve au début et à la fin du texte d’aujourd’hui, et dans tout l’évangile : l’amour. Aimer, ce n’est pas d’abord une belle idée, une bonne action, un sentiment fort, une tâche prenante, même si tout cela contribue à sa croissance. C’est avant tout entrer dans un monde de relations, où l’autre existe, dans des échanges où chacun offre sa présence.
Entre Pâques et Pentecôte, dans ce temps d’incertitude et d’espérance, une invitation nous est faite : nous situer de façon relationnelle face au Dieu vivant, vu comme distant ou proche, et face aux gens, prochains ou lointains. Entrer dans un monde qui n’est pas d’abord celui de problèmes à résoudre, de projets à organiser, d’épanouissement à assurer, ou de comptes à régler. Mais de personnes, de mystère et de présence. Pour y arriver, un Esprit nous est promis, et une vie plus forte que la mort, comme un amour qui demeure.