D’après les récits anciens, le soir de sa résurrection, le Christ serait apparu à ses proches (Cf. Jean 20, 19-23). C’était le premier jour de la semaine, comme un jour de naissance. Un jour qui rejoint le tout début de la création de Dieu.
La Genèse dit que Dieu modela de la terre et qu’il souffla dessus, lui transmettant son haleine de vie (2, 7). C’était la naissance de l’être humain. Le soir de la résurrection, le Ressuscité souffla sur ses disciples. C’était le début d’une nouvelle création. Le souffle du ressuscité, c’était son Esprit de vie qu’il communiquait aux siens d’abord, puis finalement à toute l’humanité. La résurrection de cet homme était le premier jour d’une nouvelle création de toute l’humanité. Désormais, l’Esprit du Ressuscité ressuscitera tout ce qui a haleine de vie.
Huit jours plus tard, le premier jour de la deuxième semaine, la Ressuscité s’est montré de nouveau. Il dit à l’un des siens, Thomas, l’exigeant Thomas, le Thomas à la foi radicale: «Avance ton doigt ici, et vois mes mains, avance ta main et mets-la dans mon côté, cesse d’être incrédule, sois croyant.» (Jean 20, 27)
À première vue, nous pourrions penser que le Ressuscité offrait une preuve à Thomas. Mais il y a plus et mieux. Le Ressuscité proposait à Thomas de ne pas en demeurer à un regard superficiel sur sa mort et sa résurrection. Il invitait Thomas à contempler ses blessures, à accepter de regarder ses souffrances, sa passion et à aller jusqu’au bout de ce regard, jusqu’à sa victoire sur la mort.
Thomas était invité à contempler le Crucifié ressuscité et à reconnaître en lui ses propres souffrances et celles de toute l’humanité, nos drames, nos malheurs, nos tragédies, comme des lieux de possibles résurrections, comme des jours où le souffle de l’Esprit nous transforme en une nouvelle création.
En ce premier jour d’une histoire nouvelle et éternelle, notre avenir se dessine, un avenir qui ouvre toutes les portes et brise tous les murs. C’est nous aussi que le Ressuscité salue en disant: «La paix soit avec vous». La liturgie a modifié la salutation. Elle dit: «Le Seigneur soit avec vous». La modification est légère car la liturgie a compris que la paix n’est rien d’autre que le Seigneur ressuscité lui-même.
À tous les Thomas qui jalonnent les siècles, le Ressuscité dit: «Cesse d’être incrédule, sois croyant. Cesse d’être incrédule en t’arrêtant en chemin, retenu par les obstacles qui se dressent devant toi. Sois croyant en allant jusqu’au bout de toi-même, en t’exposant au souffle de l’Esprit créateur!