Le Petit Prince d’Antoine de St-Exupéry dit: « Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part.» Au temps de la Samaritaine de l’évangile (Jean 4), les puits embellissaient les paysages. Les villages naissaient et grandissaient autour d’une source. On y construisait un puits.
Et ce puits devenait un lieu de rencontres. Les femmes s’y retrouvaient pour puiser l’eau nécessaire pour leur cuisine. C’est souvent là que les hommes trouvaient la femme de leur vie. C’est le cas d’Isaac, de Jacob, de Moïse. C’est au puits aussi que s’arrêtaient les voyageurs pour se reposer et étancher leur soif.
La Samaritaine, ce jour-là, ne se doute pas qu’elle vit l’aventure de sa vie. Elle passe de surprise en surprise, de découverte en découverte. Elle reconnaît d’abord un étranger, un Juif au-dessus des conventions sociales puisqu’il lui parle. Et quand ce voyageur la renvoie à son histoire de vie, elle trouve en lui un prophète. La conversation l’amène même à reconnaître le messie qu’on attend et chez les Samaritains et chez les Juifs. La femme prolonge son aventure spirituelle en la communiquant à ses compatriotes. Prenant le relais, ceux-ci affirment: «Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant; nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.» Tout un pèlerinage depuis la rencontre d’un pur étranger jusqu’à la reconnaissance du Sauveur du monde!
La Samaritaine a découvert Jésus parce que Jésus l’a amenée à se découvrir elle-même. C’est ce qu’elle affirme à ses compatriotes: «Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait.» La foi n’est pas une fuite hors de la réalité. Bien au contraire.
Comme pour la Samaritaine, Jésus nous appelle: «Donne-moi à boire. Je veux boire ta vie, tes joies, tes soucis, tes préoccupations.» Le Christ nous renvoie à nous-mêmes. Dans ce cheminement au plus intime de notre être, il se laisse reconnaître.
Jésus Christ est le sens de notre vie. Notre aventure spirituelle est un catéchuménat que nous vivons tout au long de notre vie. L’eau vive que Dieu nous donne dans la personne du Seigneur, nous la buvons lentement, à travers de multiples événements, tout au long de notre voyage terrestre. Le Christ ne nous saute pas aux yeux tout d’un coup. Pas à pas, jour après jour, il nous apprivoise. Il parle dans la parole d’un ami. Il nous fait signe dans un geste concret de compassion. Il se laisse entrevoir dans une situation sociale, dans la rencontre de gens qui vivent dans des conditions difficiles. Comme sur la croix, le Christ prend souvent les traits de la souffrance humaine. Il se laisse reconnaître dans les appels à la justice et à la réconciliation. Il habite notre prière.
Partout où nous voulons puiser de l’eau, le Christ s’assoit à la margelle de notre puits. Il se présente humblement comme un pauvre qui a soif. Il embellit nos déserts, même les plus arides. Dans sa résurrection, il est la promesse d’un oasis sur notre traversée du désert.