Un signe joyeux et pacifiant
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. – Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur s’approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte, mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »
Commentaire :
Que fêtons-nous à Noël? Notre enfance envolée ou ces enfants devenus une rareté dans notre société vieillissante? Ou peut-être n’avons-nous retenu de cette fête que l’échange de cadeaux et le commerce qui l’entoure, le don d’objets devenant plus important que ce qu’il signifie : le don de l’affection et de la confiance. Ou encore Noël est-il un temps où retrouver un certain sens de la gratuité, qui nous tire hors du monde de l’efficace, même si cette gratuité peut coûter cher…
Pour fêter Noël, l’Évangile de Luc nous centre sur un signe qui n’a rien d’éclatant : un nouveau-né couché dans une mangeoire (v. 7.14.16). Autour de ce signe, on trouve Joseph et Marie, des personnes déplacées pour des raisons administratives, et de pauvres bergers, des gens à l’époque peu considérés. Ainsi, cet événement ne se passe pas dans le monde des puissants et il n’a rien d’extraordinaire à première vue. Mais pourtant il est annoncé comme une Bonne Nouvelle à accueillir sans crainte (v. 10).
Les nouvelles réjouissantes sont plutôt rares sur nos écrans. Elles concernent habituellement des grands événements mondiaux, des personnages importants et leurs alliances, des découvertes par de grands spécialistes. Bonnes nouvelles qui annoncent la paix, qui promettent un renouveau dans nos sociétés, ou qui donnent de l’espoir.
La Bonne Nouvelle annoncée par l’ange comporte aussi ces traits. Il est question de paix pour les hommes, de joie pour le peuple, et même de salut. Mais le seul signe donné, c’est la naissance d’un enfant dans des conditions difficiles. Qui est-il ce nouvel humain pour susciter des chants d’action de grâces? Au coeur du message de l’ange, se trouvent trois titres étonnants qui révèlent l’identité du nouveau-né et qui sont l’essentiel de ce message : il vous est né un Sauveur, Messie, Seigneur (v.11). I1 faudra lire et vivre toute la suite de l’Évangile pour comprendre la portée de cette proclamation mais déjà une espérance est annoncée.
Par delà et à travers la poésie et l’ambiguïté de Noël, nous sommes invités à y célébrer une fête de la foi, la foi en Jésus le Christ, Seigneur, Sauveur, don de Dieu à l’humanité pour lui montrer la route qui mène à la joie. À quoi sert de faire tant d’histoires autour de Noël, si Jésus dans son humanité n’est pas au centre de notre fête et de notre foi. Il s’est fait l’un de nous, notre frère en condition humaine, pour que nous devenions avec lui enfants de Dieu. Dans l’humanité humble et dépouillée de cette naissance du Messie, c’est le visage même de Dieu qui se révèle et que nous sommes appelés à redécouvrir en nous tournant vers Jésus.
Que fêter à Noël? Ou plutôt qui fêter sinon Jésus lui-même et les signes de sa présence avec nous, joyeuse et pacifiante. Alors peut-être que nos échanges et réjouissances pourront retrouver un sens ancien et toujours neuf : la gratuité des relations comme valeur première, le don comme signe de confiance et d’affection. Ainsi ressemblerons-nous davantage à Celui que nous fêtons. II y aura de quoi se réjouir et espérer, non seulement pour les enfants mais aussi pour les adultes, pour l’aujourd’hui et le demain des uns et des autres. Alors nous pourrons faire et annoncer de bonnes nouvelles, non seulement sur des écrans qui nous parlent de loin mais dans nos propres vies et celles de nos prochains.