Le forum qui se tient actuellement dans les régions du Québec sur les accommodements raisonnables manifeste deux choses en particulier. D’une part, le pluralisme religieux et culturel se développe chez nous de plus en plus sans se concentrer exclusivement dans la région montréalaise. D’autre part, notre réputation d’accueil et d’hospitalité ne rencontre pas toujours le pays réel de nos mentalités profondes et de nos réactions instinctives.
Ces deux constatations – que nous pouvions déjà remarquer avant l’avènement du forum – nous obligent à investir davantage pour améliorer notre vivre-ensemble. L’assemblée des évêques catholiques du Québec, par son comité des rapports interculturels et interreligieux, vient de publier un document qui pourrait nourrir la réflexion et participer au débat de la société: Le dialogue interreligieux dans un Québec pluraliste (Montréal, Médiaspaul, 2007, 93 p.)
Les médias, plutôt rébarbatifs quand il s’agit de religion, ne souligneront probablement pas la parution de ce document. Celui-ci n’en demeure pas moins un événement important. Et il serait dommage que la population québécoise, au moins les catholiques, ne puissent pas en prendre connaissance. Pour participer à l’annonce de ce message, je cède ma place à quelques lignes qui concluent le document:
«Avec une population aux cultures diverses et aux croyances religieuses variées, le Québec peut devenir une inspiration et un chef de file dans le dialogue interreligieux. Ce dialogue s’exprimera par l’accueil et l’écoute de l’autre avec compréhension et respect. Un respect mutuel conduira vers un dialogue où la coopération pour la justice et la paix cimentera des liens fraternels qui pourraient s’étendre à l’extérieur du Québec. Étant donné les principes démocratiques qui régissent notre société et les idéaux de Vatican II guidant l’Église, il est possible d’affirmer que la société québécoise et l’Église au Québec n’ont pas seulement la responsabilité d’aborder positivement le pluralisme religieux; ils sont même appelés à témoigner d’une culture du dialogue et à promouvoir ce dialogue avec les différentes cultures et religions qui cohabitent au Québec.
«Une telle entreprise de dialogue interreligieux ne peut s’accomplir sans que, comme chrétiens et chrétiennes, un profond dialogue intérieur ne soit d’abord établi avec Dieu. Entrer dans un dialogue avec le Tout Autre révèle l’infinie valeur de tout être humain et inscrit dans toutes blessures et différences la marque d’un amour qui pousse à bâtir des ponts avec les autres. Le dialogue demande de refuser la rupture qui existe en chacun de nous et d’accepter d’entrer dans la fécondité d’une rencontre avec l’autre et sa différence. Dialoguer c’est prendre le risque d’ouvrir ses bras et son coeur pour bâtir des ponts de réconciliation, c’est chercher à entrer en communion en vue de réaliser le projet de Dieu pour l’humanité.» (Nos 130-131)