L’enfant, porteur d’espérance
Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son Père, mais sa mère déclara : «Non, il s’appellera Jean.» On lui répondit : «Personne dans ta famille ne porte ce nom-là!» On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Zacharie se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : «Son nom est Jean.» Tout le monde en fut étonné. A l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui. L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait être manifesté à Israël.
Commentaire :
Jean Baptiste, l’enfant surprise, l’inespéré, l’enfant qui transporte de joie sa mère Élisabeth, déjà fort avancée en âge : «Je te rends grâce, ô mon Dieu, pour tant de merveilles.» Le psaume de méditation (138) chante bien l’une des situations les plus exaltantes de la Révélation : la naissance de Jean Baptiste. «La lampe qui brûle et qui brille» disait de lui Jésus (Jn.5 :35), «qui brûle de la violente austérité de ses comportements, de la ferveur intérieure de son empressement spirituel, de la constance dans laquelle il blâme les pécheurs en toute liberté» , tel le voyait saint Bernard .
Jean-Baptiste, l’humble impresario de Jésus. Faisant son éloge, le Seigneur disait de lui : «En vérité parmi les enfants des femmes, il n’en a pas surgi de plus grand que Jean-Baptiste, et cependant, le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.»(Mt.11:11) Et pourtant, lui aussi commença son existence comme le plus petit d’entre nous : Élisabeth mit au monde un fils. (Lc 1:57)
Bien qu’inespéré sinon désiré, cette naissance avait été précédée d’une très grande joie, le jour où Marie, sa cousine, lui rendit visite : «Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein et la mère fut remplie du Saint-Esprit. Alors elle poussa un grand cri et dit : «Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi? Car, dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein.» (Luc. 1 :43) La mère de mon Seigneur !
L’épisode rappelle l’exultation de Sara lorsque le mystérieux visiteur au Chêne de Mambré apprit à Abraham, son époux : «Je reviendrai chez toi l’an prochain ; alors ta femme aura un fils.» Sara écoutait à l’entrée de la tente. L’un et l’autre étaient vieux et avancés en âge. Sara ne put s’empêcher d’en rire : « Maintenant que je suis usée, vraiment, est-ce que je vais enfanter, je suis si vieille.» L’étranger de la reprendre : «Vraiment, y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé ? » (Ge.18 :20-24)
Inespéré bien que désiré, tout enfant est merveille de Dieu, voulu par Dieu, même s’il est et devrait être libre choix des parents. Dieu a un rêve pour chacun de ces petits que nous sommes ou avons été un jour, Il procure à tous dons, talents et grâces pour accomplir le mieux possible, si bref ou petit soit-il, son service à l’humanité. Chacun des noms identifie toute nouvelle brebis du troupeau et constitue un projet auquel répond sa vocation. (Jn 10 : 3) On demanda à Zacharie comment il voulait l’appeler. Le père se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean », ce qui signifie «Dieu fait grâce.» (Lc.1 :60) Dans les coutumes orientales, le nom identifie le service ou l’origine du nouveau-né : «Tu lui donneras le nom de Jésus,» avait annoncé Gabriel à Marie, (Lc 1 :31) «car c’est lui qui sauvera son peuple.» (Mt. 1 :21)
«Que sera donc cet enfant», se demandaient les témoins de l’événement. Jean-Baptiste, le Précurseur de Jésus : «Voyant Jésus venir à lui, il dit : Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. C’est de lui que j’ai dit : Il vient après moi un homme qui est passé devant moi parce qu’avant moi il était.» (Jn.1 :28-29) Mais, cette divine intuition, – «Ce n’est ni la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux,» avait dit Jésus à Pierre lors de sa profession de foi (Mt.16 :17), – sera suivie par une difficile reconnaissance de Jésus. «Dans sa prison, Jean avait entendu parler des ouvres du Christ. Il lui envoya de ses disciples pour lui dire : «Es-tu celui qui doit venir ou faut-il en attendre un autre ? » (Mat. 11 :2-3).
Jean-Baptiste le plus grand des enfants des hommes, nous précède toujours dans la connaissance de Jésus, mais il déblaie et tape également le chemin dans la difficile reconnaissance du Sauveur. La tentation était grande pour lui d’espérer quelqu’un de moins humble, de plus triomphal, un Jésus mis au goût du jour, fidèle à l’espérance de son peuple (Is.60) Notre tentation quotidienne, avouons-le.
Un enfant naît, quelle source d’émerveillement ! Que sera-t-il, que deviendra-t-il ? Jean-Baptiste était là pour nous dire la présence de Jésus parmi nous. Pourquoi ne serait-ce pas la mission et le message de tout enfant ? Nuls autres mots ne peuvent exalter davantage la naissance que ces paroles du Cantique de Zacharie : «Béni soit le Seigneur, il nous a visités et suscité une puissance de salut. Et toi, petit enfant, tu précéderas le Seigneur pour préparer ses voies et donner à son peuple la connaissance du salut, ouvre de la miséricordieuse tendresse de notre Dieu, Soleil levant afin d’illuminer ceux qui se tiennent dans les ténèbres, et guider nos pas dans le chemin de la paix.» (Lc.1:68+)
Source d’inspiration pour une liturgie baptismale avec des distants, des marginaux.
L’inespéré d’Élisabeth et de Zacharie, l’inespéré de Sara et d’Abraham, et pourquoi pas davantage tous ces espérés de la vie, sources de joie et d’espérance, susceptibles de nous annoncer le passage et la venue de Dieu parmi nous.
L’enfant, porteur d’espérance.