Plus que jamais nous sommes informés des malheurs qui n’en finissent plus d’arriver dans notre monde. Nous sommes loin de n’en être que les spectateurs. Nous avons tous part à la musique et à la dramatique de ce qui a cours au théâtre du monde. Qui peut se vanter d’échapper à la maladie, au problème du réchauffement climatique, à la pauvreté endémique à échelle continentale, aux dettes collectives, aux mises à pied massives, etc. ? Les situations de catastrophe sont nombreuses. Les campagnes électorales nous font régulièrement des bilans d’échecs. Elles mettent en évidence les carences de nos sociétés et tous nos manques, avec si peu de projets prometteurs à l’horizon.
Que vient faire la bonne nouvelle de Pâques en pareil contexte ? Est-elle à la mesure de ce que nous vivons si difficilement parfois ? Y a-t-il un rapport entre la Résurrection du Christ et nos misères de chaque jour et le bien-être dont nous rêvons tous ? Pâques serait-il seulement le prétexte à une pieuse évasion ? S’agirait-il d’une consolation facile, utopique, irréaliste ?
L’expérience historique de Pâques pourtant est devenue un fait incontournable, incontestable. De nombreux témoins nous ont transmis la formidable nouvelle qui nous ouvre un avenir incomparable. Depuis le premier jour de Pâques, l’histoire a changé de signe en quelque sorte. Tout n’a plus la même résonance ni la même consistance. Pâques, c’est une plongée de Dieu dans notre univers. La victoire du Christ a apporté un sens radicalement nouveau à tout ce que nous vivions de joies et de peines, de mort et de détresse, d’espoirs déçus, têtus.
Pâques n’a vraiment rien de magique. Il n’a rien d’une fuite ni d’une évasion du monde. Il annonce du neuf et de l’inédit. Il contient une promesse. Il nous installe dans une communion profonde avec la vie divine pour un dépassement existentiel de nos limites. Il révèle la présence en nous du dynamisme de l’Esprit. Pâques opère une purification de nos êtres qui rend possible une relation nouvelle entre nous, fruit d’une conversion véritable. Pâques, fête du Ressuscité, est aussi la fête de notre relèvement.