Aux sources de la vie
Jésus avait dit aux Juifs : « Je suis le Bon Pasteur (le vrai berger). » Il leur dit encore : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »
Commentaire :
On ne pouvait trouver de suite plus propice que ce passage de Jean à l’élaboration de l’évangile de dimanche dernier. Il était alors question de la charge pastorale confiée à Pierre et à ses successeurs. La tentation de contester le ministère pétrinien est grande de nos jours. Elle se situe bien dans la ligne de l’attitude des adversaires de Jésus. Si Jésus, Pierre et ses successeurs ainsi que le christianisme ne dérangeaient pas, vaudrait mieux tout oublier. C’est précisément dans l’opposition, pour ne point dire guerre déclarée à la pensée du modernisme, que la fidélité au Christ peut se traduire. Mais sans une foi vive, motivée par ces paroles du Seigneur et sa fidélité au Père qui l’envoie, rien ou presque ne peut être acceptée par des soient disant chrétiens de bonne foi. Il est combien facile au gré des vents et marées de virevolter entre la tradition et la modernité.
Relisons attentivement ces quelques lignes tirées de l’évangile de Jean. L’enseignement johannique a été conçu de façon à tisonner la foi des croyants atteints par les influences de l’Antichrist. Dans cet esprit, chaque mot, chaque phrase, chacun des chapitres doit prendre alors tout son sens.
« Je suis le bon Pasteur » : Le verbe en langue sémite n’indique pas qu’un qualificatif, mais une action. À Moïse qui lui demande son nom, Dieu de répondre : « Je suis je suis ». Nous pourrions traduire : je suis ce que je suis, ce que mes actions démontrent, prouvent, illustrent. Un philosophe écrivait à sa façon : les actions, la vie découlent de l’être, « Actio sequitur esse ». Et Jésus d’affirmer ici : c’est moi qui suis le bon pasteur, je suis, e d’autres termes, j’agis comme le bon pasteur
« Mes brebis écoutent ma voix ». Cette description des vraies brebis est fondamentale : avant quelque réaction que ce soit, écouter. Le terme revient à maintes reprises dans la formation du peuple de Dieu au désert : « Écoute Israël ». Loin d’être synonyme d’obéir, c’est avant tout l’attention à la voix et à son message que défini ici le terme écouter. De sa mère, Jésus dira : « Bienheureuse plus encore celle qui écoute la Parole de Dieu, » pour ajouter ensuite « et la met en pratique. » Mais avant tout écouter.
« Elles me suivent, je leur donne la vie éternelle. » Par la grâce du Père représenté en Jésus elles ne périront pas, grâce au Père. Le Père et moi sommes un. Nul ne pourra les arracher à ma main.
Le lien déterminé ici n’a nul consonance avec une quelconque dévotion, mais bien une écoute attentive, intensive et assidue de la Parole transmise par les apôtres de Jésus. Tel se comportait l’Église primitive. Elle était pour elle source de vie et de fidélité.