« Vers toi tout être qui pense ton univers, fait monter un hymne de silence ». Dans la nuit de Noël, où nul ne savoir ce qui se passe et comprendre tout en le gardant dans son cœur comme le Vierge Marie, cette belle prière attribuée à saint Grégoire de Naziance semble contenir les seuls mots qu’il soit permis de prononcer. « Ô Toi, l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de Toi ? Quelle hymne Te dira, quel langage ? Aucun mot ne l’exprime ».
L’auteur, Grégoire de Naziance, fut l’un des grands théologiens de l’Église d’Orient. Son œuvre imprégna la pensée du temps. Il rédigea des lettres, des traités, de nombreux discours théologiques, mais aussi des poèmes qui laissent transparaître l’âme d’un grand mystique enclin à la souffrance. Il m’a semblé trouvé dans le termes même s de cette hymne, dite à l’Office des lectures, le mardi, les seuls mots révélateurs du mystère de la crèche.
O toi, l’au-delà de tout,
n’est-ce pas là tout ce qu’on chanter de Toi ?
Quelle hymne Te dira, quel langage ?
Aucun mot ne l’exprime.
A quoi l’esprit s’attachera-t-il ?
Tu dépasses toute intelligence.
Seul, Tu es indicible,
Car tout ce qui se dit est sorti de Toi.
Seul, Tu es inconnaissable,
Car tout ce qui se pense est sorti de Toi
Tous les êtres
ceux qui parlent et ceux qui sont muets,
Te proclament,
Tous les êtres
ceux qui pensent
et ceux qui n’ont point de pensée
Te rendent hommage.
Le désir universel,
l’universel gémissement tend vers Toi,
Tout ce qui est te prie
et vers Toi tout être qui pense ton univers
fait monter un hymne de silence
Tout ce qui demeure demeure par Toi ;
Par Toi subsistes l’universel mouvement.
De tous les êtres, Tu es la fin ;
Tu es tout être, et Tu n’en es aucun.
Tu n’es pas un seul être,
Tu n’es pas leur ensemble
Tu as tous les noms, et comment te nommerai-je ?
Toi le seul qu’on ne peut nommer ?
Quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
Qui couvrent le ciel même ?
Prends pitié,
O toi l’au-delà de tout
n’est-ce pas tout ce qu’on peut chanter de Toi ?