Il vient
Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre coeur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. Comme un filet, il s’abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »
Commentaire :
Serait-il vrai que les chrétiens d’aujourd’hui le sont en vertu d’un certain passé qu’ils connaissent « à peu près » plutôt que d’un avenir certain auquel ils ne veulent nullement s’arrêter ? Tel n’était pourtant pas le trait distinctif des premiers chrétiens. Face à l’imminence d’un retour du Christ, d’aucun avait même cessé de travailler. Aujourd’hui l’attente du Seigneur semble mettre sur nos lèvres une réflexion banale : « Il repassera ! » Ne serions-nous pas devenus une sorte de chrétiens fossilisés découverts ici et là, simples objets de musée. Pourtant rejoindre le Seigneur ne constitue-t-il pas l’une des aspirations les plus vives du cœur humain ? Pour d’autres, c’est la terreur, la mort. Cette mort, nous sommes de moins en moins en état de l’accueillir et les survivants en refusent même la réalité.
L’évangile de ce jour, premier dimanche de l’Avent et le premier d’une année liturgique, marque le début d’une nouvelle tentative de montée stimulée par ces mots : « tenez-vous sur vos gardes. » L’univers attend le retour du Christ : « La création est en attente de la révélation des Fils de Dieu… Toute la création gémit en travail enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit… Car notre salut est objet d’espérance. (Rm. 8,18+) Attendre, l’univers inconsciemment ne fait que cela. Mais nous, accaparés par le souci oppressionel du quotidien, le savons-nous assez, la vivons-nous assez ?
En ce premier jour de l’Avent, premier pas d’une montée qui n’aura de cesse qu’avec la rencontre du « tant attendu », l’Église nous permet de réentendre la promesse. « Le lion rugit, clamait Amos, qui ne craindrait ? Le Seigneur parle » (Am. 3.8) S’en trouvent-il encore beaucoup pour tressaillir et rappeler cette espérance sans laquelle nul ne pourrait vraiment vivre ? Sans doute, la perspective d’une fin prochaine, annoncée, ravive-t-elle sinon cette espérance, du moins tout le questionnement qui l’enrobe ? Mais puissions-nous vivre notre quotidien dans la lumière de ce retour, un peu comme nous allons vivre ces jours de décembre, à l’approche de Noël : « La lumière illumine les yeux de l’enfant et le cœur des aînés brûle de la flamme d.un amour sans mesure. »
L’approche de Noël que la liturgie souligne, pourrait-elle se résumer en une vision idéale de paix, de justice et d’amour ? Ce serait déjà chose on ne peut meilleure. Mais où trouver l’Esprit qui nous permette d’authentifier ces rêves avec la réalité que serait Jésus ? Il est venu établir un royaume de justice, de paix et d’amour. L’attendre ne serait-ce point nous imprégner de sa vie, des enseignements qu’il nous a laissés, des signes qu’il a multipliés en faveur de la paix, la justice et l’amour, ses miracles ? « Ah ! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! » gémissait le prophète (Is. 64.1)
« Le Seigneur vient, restez éveillés et priez tout le temps. »
Les préparations autant que les célébrations de la Nativité apporteront-elles une réponse à nos attentes ? Nos gémissements devenus prières n’auraient-ils pas plus d’efficacité que nos critiques. C’est à travers nous, les aspirations d’un chacun et un moindre effort que l’attente se concrétise et la venue du Seigneur prend le rythme d’une réalité quotidienne à tous les nivaux personnels et internationaux. « Les montagnes se mettent à fondre devant sa face » (Is. 64.1) « La terre est changée, les montagnes chancellent au cœur des mers lorsque mugissent et bouillonnent les eaux et que tremblent les monts » (Ps. 46.3-4) Le Seigneur vient. N’imitons point les Galates qui n’ « observent que les jours, les mois les saison et les années ». (Ga. 4.10) Il n’y a d’ « Heure » que celle de Jésus » : l’heure de sa victoire incontestable. Elle sonne pour nous à tout moment. Le Seigneur vient. Il n’est pas venu, il vient ; il ne viendra pas, il vient.