Le film de Pedro Almodovar « Parle avec elle » nous a rejoint par la mise en parallèle saisissante qu’il fait du silence et du langage. Il nous a rappelé que les mots entre nous font les liens, font la vie, peuvent aussi faire la mort.
L’apôtre Jacques en une lettre célèbre nous parlait déjà du piège de la langue et la duplicité native du langage. Toutes les sagesses du monde ont noté l’effet puissant de la parole et le danger que nous courons avec elle. Elles ont dit combien puissante est la rumeur semée à tout vent par les mots et comment il faut nous garder de la dérive de nos phrases. Ne sommes-nous pas tous un jour ou l’autre prisonniers des mots, impuissants à les retenir et perdus dans des voyages indus au pays des beaux discours?
Le chrétien, croyant de l’Évangile, vit de ces mots qui chantent la vie. La Bonne Nouvelle du Christ nous relève avec lui de la mort. C’est sa Parole qui nous a rassemblés et qui continue de nous tenir dans l’Espérance. Parole de Dieu. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tournée vers Dieu, et le Verbe était Dieu.» (Jean, ch.1, verset 1)
Pourquoi faut-il qu’encore si souvent nos discours prononcent le jugement, la condamnation, l’exclusion, le mépris, le mensonge sur les autres? Le langage serait-il toujours et encore source de malentendu? Serions-nous à ce point déconnectés de la parole de vérité?
Je rêve d’une parole qui nourrisse en chacun de nous l’espérance, la confiance, le pardon, la tendresse et l’amour. D’un langage qui soit respect à la hauteur du Mystère qui nous habite. Je rêve d’une parole qui clarifie et qui tranche, mais qui soit libre et légère et simple et vraie. Pur jaillissement de source. Divine. Inspirée.
Jacques Marcotte, OP
Québec