Le 15 octobre dernier, à l’Île de la Réunion dans l’océan Indien, une jeune française, Maud Fontenoy, prenait le départ pour le tour du monde en solitaire à la voile. Cette femme de 29 ans se propose de naviguer à contre-courant – direction est-ouest – pendant près de 5 mois. Elle est, bien sûr, en lien constant avec une équipe terrestre pour un important support technique. Elle navigue aussi en lien avec des milliers, des dizaines de milliers de jeunes des milieux scolaires de France et d’ailleurs, qui, grâce à Internet, vont la suivre au jour le jour. Son but, c’est d’entraîner ces jeunes à mieux connaître la mer, à prendre goût à l’aventure et aux défis du quotidien, à mieux voir l’importance de l’écologie, de la protection de l’environnement. Tout cela dans un cadre qui leur en met plein l’imagination. On comprend facilement la générosité d’une telle démarche et son potentiel pédagogique.
On comprend aussi que cela ne sera ni simple ni facile pour notre héroïne. Le tour du monde dans les mers du Sud, même si présentement c’est l’été là-bas, ça vous tient sous les latitudes circumpolaires du 40e et du 50e, là où les vents sont très forts. Il faudra franchir les fameux caps au sud de l’Afrique et de l’Amérique du Sud, traverser les océans Atlantique, Pacifique et Indien, par des vents plus souvent contraires, qui vous soulèvent des vagues immenses. Tout cela en grande solitude, avec l’obligation de manœuvres de titan nécessaires pour le contrôle d’une embarcation de 26 mètres. Imaginez tout ce qui peut arriver! Maud n’a pas droit à l’erreur, et rien n’est moins certain quant à l’issu de ce combat entre elle et la mer.
Le projet de Maud Fontenoy rejoint – comme une parabole pourrait le faire – l’enseignement de Jésus, qui nous parle de payer de notre personne, de risquer notre vie, sans rien attendre d’autre que de la donner au jour le jour pour une bonne cause, en l’occurrence la cause du Royaume, celle de l’Évangile. Ce qui importe, plus que le fil d’arrivée, plus que la compétition et la victoire finale, c’est le quotidien. Notre présence intense et vigilante au jour le jour. Notre fidélité sur le terrain à l’aventure humaine et à l’espérance : au risque d’y perdre notre vie. Sans trop nous préoccuper d’un avenir lointain qui nous échappe. Vivre intensément l’aventure de notre engagement dans la foi, en perspective, à la manière du Seigneur lui-même, avec amour.
C’est l’appel qui nous sollicite chacun et chacune personnellement. Sachant qu’au fond nous ne sommes pas seuls, que les liens entre nous sont précieux. Que plusieurs nous regardent et vont apprendre quelque chose de ce que nous vivons. Considérant que nous portons l’Évangile en nous. Qu’il nous passe dans le corps, dans le cœur, dans l’âme et l’esprit. Que c’est à nous de le faire valoir, de lui laisser prendre toute sa force en nos vies et de le passer au suivant.