Au cours de la liturgie dominicale, nous soulignons l’entrée en catéchuménat de cinq jeunes étudiants de l’Université de Montréal. J’avoue que je suis inquiet. Les lectures bibliques de ce dimanche ne sont pas faciles à entendre. «Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur… il fait de sa vie un sacrifice d’expiation… À cause de ses souffrances, il verra la lumière.» (Isaïe 53, 10-11) Propos difficiles à avaler pour un premier contact avec la Parole de Dieu! Dans la lecture évangélique, Jésus n’est pas plus rassurant : «Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé?» (Marc 10, 38) Autrement dit : êtes-vous prêts à donner votre vie jusqu’à la mort, s’il le faut?
Si je me préparais à recevoir le baptême, ces paroles me bouleverseraient. Je me demanderais : suis-je en train de m’embarquer dans un club sado-masochiste, des gens avides de souffrances? Dieu serait-il un maître barbare, un dictateur aux exigences absolues? Mène-t-il le monde par la peur et la contrainte?
Je n’aimerais pas que les futurs baptisés parviennent à de telles conclusions. Je souhaite plutôt qu’ils reconnaissent la grande bonté de Dieu, sa compassion. Et c’est ce visage profondément humain que Dieu présente dans ces lectures bibliques. Dieu est sensible à la souffrance de son serviteur. Il est tout proche de celui qui traverse des épreuves. Il ne l’abandonne pas dans son malheur. Au contraire, il le tire de son impasse. Il le sauve de la passion et de la souffrance.
Jésus va boire la coupe de sa mort. Son baptême se réalisera dans sa mort sur la croix. En allant ainsi jusqu’au bout, jusqu’à la passion et la mort, Jésus assume totalement la condition humaine, avec ses malheurs comme avec ses bonheurs. Et il sauve toute la personne, toute l’existence humaine.
Aux catéchumènes, je veux dire : au cours de votre vie à la suite du Christ, vous connaîtrez des jours ensoleillés, qu’ils vous gardent dans la joie! Vous traverserez aussi des tempêtes. Ces jours-là, tenez bon. Rappelez-vous que le Seigneur vous accompagne. Il s’est fait serviteur. Il est donc à votre service. Il a donné sa vie pour demeurer auprès de vous, jour après jour. Au bout de sa mort, il a connu la résurrection. Il vous en promet autant tout au long de votre existence et au-delà de votre mort.
Redites-vous souvent la prière du psaume: «Que ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi!» (32(33), 22)