La Pentecôte est le cinquantième jour du temps pascal. Le temps pascal a duré une semaine de semaines: sept fois sept jours! Pâques, c’est un temps plein! Une plénitude! Mais Dieu ne se contente pas de la plénitude! Il ose ajouter une journée, un cinquantième jour! Et l’Esprit de Dieu est tellement présent que ce cinquantième jour a dépassé ses vingt-quatre heures. Il a pris la taille des siècles. Il semble même qu’il est en train de devenir une éternité.
Les évangiles nous racontent tout du don de Dieu en la personne de Jésus, son Fils. Mais la Pentecôte n’est pas racontée dans les évangiles! Elle apparaît au-delà, comme si les générosités de Dieu débordent. Une générosité au-delà de la générosité infinie de Dieu. Un Évangile plus grand que les évangiles!
Mais comment se manifeste-t-il, l’Esprit, durant ce jour éternel au-delà des évangiles? Nos ancêtres ont vu le Fils. Certains, comme les apôtres, l’ont reconnu dans le jeune homme de Nazareth, fils de Marie. Ils l’ont reconnu dans le condamné à mort, crucifié aux portes de Jérusalem. Ils l’ont même reconnu dans l’apparition au soir du premier jour de la semaine alors qu’ils s’étaient barricadés par peur des juifs.
Mais lui, l’Esprit Saint, comment se manifeste-t-il? Comment peut-on le reconnaître? D’après saint Luc, on l’aurait reconnu au baptême de Jésus «sous une apparence corporelle, comme une colombe» (3, 22). D’après le récit de la Pentecôte, l’Esprit s’est manifesté «comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun» des apôtres (Actes 2, 3)!
Une colombe, des langues de feu: l’Esprit est manifesté par des images, des symboles, «comme si…» Des images qu’il faut dépasser pour reconnaître l’Esprit autrement. Le récit de la Pentecôte apparaît au début du livre qui relate les actes des apôtres. L’Esprit se laisse reconnaître dans des actes, des actions des apôtres. L’Esprit est reconnaissable dans la foi active de ces hommes et de ces femmes qui ont suivi le Christ, qui ont écouté sa Parole depuis le jour de son baptême jusqu’au soir de sa résurrection. L’Esprit est reconnaissable dans ces hommes et ces femmes qui ont annoncé le Seigneur ressuscité et qui ont construit l’Eglise, petit à petit: Pierre, Marie mère de Jésus, Marie-Madeleine, Paul, André, Thomas, Priscille et Aquila, Étienne, Mathias, et les autres. L’Esprit est reconnaissable dans ces hommes et ces femmes à la foi têtue même dans la persécution et le martyre.
Et ces actes des apôtres, ces actions des disciples du Christ, ont dépassé les premières générations chrétiennes pour arriver jusqu’à nous. L’Esprit continue d’habiter les actes des croyants et des croyantes. Il se tient auprès d’eux comme le défenseur que le Seigneur a envoyé d’auprès du Père. C’est l’avocat qui nous fait plaider avec assurance le témoignage de Jésus Christ. C’est le guide qui nous conduit à la vérité tout entière, qui reprend ce qui vient du Christ pour nous le faire connaître.
Saint Paul dresse une litanie des beautés de l’être humain: l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, l’humilité, la maîtrise de soi… Ces beautés sont des créations de l’Esprit. Tout ce qui est vraiment humain est profondément action de l’Esprit.
«Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit.» (Galates 5, 25)