Maître à penser de l’Occident chrétien, saint Augustin était africain, né en 354. Converti après une jeunesse tourmentée, il apporte à l’Église la nouveauté de sa foi et la richesse de sa pensée. Pendant quarante ans Augustin a prêché régulièrement à Hippone et dans beaucoup d’autres villes et villages d’Afrique du Nord. Il a prêché tous les dimanches et fréquemment en semaine plusieurs jours de suite, voire plusieurs fois le même jour. Dans le temps pascal, il ne cesse de faire de pressantes recommandations. Mêlés à la foule des chrétiens de vieille date, il veut que les nouveaux venus aient à cœur d’éviter les mauvais et suivent les bons. Il trace aux néophytes une règle de vie : « Vivez selon le bien », « vivez avec fidélité ». Cet extrait d’une de ses homélies pascales enseigne comment vivre et non seulement chanter l’Alléluia de Pâques.
La méditation, dans notre vie présente, doit consister à louer Dieu, car l’allégresse éternelle de notre vie future sera une louange de Dieu ; et personne ne peut être adapté à la vie future s’il ne s’y exerce pas dès maintenant. Maintenant donc nous louons Dieu, mais nous le supplions aussi. Notre louange comporte la joie ; notre supplication, le gémissement. Car on nous a promis quelque chose que nous ne possédons pas encore ; et parce que l’auteur de la promesse est véridique, nous trouvons notre joie dans l’espérance ; mais parce que nous ne possédons pas encore, notre désir nous fait gémir. Il nous est bon de persévérer dans le désir jusqu’à ce que vienne le bonheur promis, jusqu’à ce que le gémissement disparaisse et que la louange demeure seule.
Il y a donc deux époques : l’époque actuelle qui se passe dans les tentations et les épreuves de cette vie ; et une second époque, qui sera celle de la sécurité et de l’allégresse sans fin. Aussi deux époques ont-elles été instituées pour nous : avant Pâques et après Pâques. L’époque antérieure à Pâques symbolise l’épreuve où nous sommes maintenant ; et ce que nous célébrons en ces jours qui suivent Pâques symbolise la béatitude qui sera plus tard la nôtre. Avant Pâques, nous célébrons donc ce que nous sommes en train de vivre ; après Pâques, ce que nous célébrons symbolise ce que nous ne possédons pas encore. C’est pourquoi, dans la première époque, nous nous entraînons par le jeûne et la prière ; mais dans l’époque présente, nous abandonnons le jeûne et nous vivons dans la louange. Tel est le sens de l’Alléluia que nous chantons.