Le règne de Dieu est proche
Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Commentaire :
« En faisant mémoire de ton Fils, de sa passion qui nous sauve, de sa glorieuse résurrection et de son ascension dans le ciel, alors que nous attendons son dernier avènement…» Ces mots de la prière eucharistique (no.3) trouvent dans cet évangile de la fête de l’Ascension leur révélation. Arrêtons-nous un moment sur cette Bonne nouvelle pleine de signification pour la mission à accomplir.
Avec la proclamation de cette Évangile du dimanche de l’Ascension, nous passons ici de l’incrédulité à la foi : la mission universelle confiée aux apôtres. Le doute de Thomas, l’une des leurs, a sans doute été aussi partagé par les onze. À combien de reprise ne les surprend-on pas à douter, à remettre en question l’évidence de la Résurrection, sans compter l’effroi dont ils pouvaient être parfois saisis. L’Esprit Saint aidant (Lc.24,49 et Ac.1,8) ils en vinrent à y croire et leur mission auprès des païens devient on ne peut plus claire et incontestée. « Proclamez la Bonne Nouvelle à toutes les nations. » Il ne s’agit plus de la priorité accordée aux Juifs, constamment respectée et suggérée par Luc. (24.47)
« Proclamez la Bonne Nouvelle ». Pourquoi ne pas en revenir à la traduction la plus originaire : l’ « Évangile », Marc serait le seul des quatre évangélistes à utiliser le terme « évangile ». L’influence de Paul y est sans doute pour beaucoup, lui qui utilise l’expression tant de fois. Proclamez la Bonne Nouvelle : il s’agit du « Kérygme », du message primordiale, d’une première leçon de foi, des assises. Les apôtres sont porteurs de cet Évangile, hérauts du message du salut. Le « Kérygme », terme grec, est la prédication élémentaire, elle porte sur la vie, mais primordialement sur la mort, la résurrection et l’exaltation de Jésus à la droite du Père et enfin l’annonce de son retour dans la gloire, la Parousie. Même si Marc n’en souffle mot, tout y est.
Ce message, le « kérygme » porte en soi une invitation au repentir, à la conversion, prélude au pardon des péchés et au Baptême. La foi est réponse à la prédication. (Ac., 2.41 ; 8,12+, 11,20+) Cette foi scellée par le Baptême procure à qui la confesse le don de l’Esprit et le salut (Rm.8.23 ; 2 Co.1.22 ; 5.5). Mais pour qui refuse de croire, il se rend coupable du plus grand péché. Cependant, les humains qui, de bonne foi, demeureront en dehors de l’Église, ne connaîtront pas un sort identique, le baptême de désir est toujours possible et une certaine foi implicite.
Des signes sont promis. Paul par exemple va chasser les esprits mauvais (Ac. 16,18) et faire fuir la vipère attachée à son bras. (Ac. 28,3-5) À la Pentecôte, les Onze jouissent du don de la glossolalie, le pouvoir de parler en langue. En d’autres circonstances, d’aucun parleront un langage extatique. (1.Co. 14) L’imposition des mains, un des signes promis, causera la guérison, maintes guérisons : Ananie guérit Paul (Ac. 9.12) et Paul rend la santé au père de Publius (Ac.28.7). Tous ces signes auxquels la lettre aux Corinthiens fait allusion accompagnèrent les premières prédications des Apôtres.
Cette conclusion de l’évangile selon Marc complète la catéchèse qu’il donnait à ses disciples vers les années 70. Désireux de faire de chacun de vrais disciples du Christ, il leur décrivait dans une première partie l’identité du Christ, distinct de Jean-Baptiste, et responsable d’un « enseignement avec autorité ». Pour établir le Royaume de Dieu si proche, L’enseignement de Jésus consistait en des signes – miracles – qui faisaient reculer la royauté de Satan, prince de ce monde, pour établir celle de Dieu : guérison du possédé, du lépreux, du paralytique, de l’aveugle, etc… Les apôtres avec l’Esprit qui leur est donné et le « kérygme » qu’ils ont à livrer, ont le pouvoir de ces mêmes signes. Ainsi coopéreront-ils à l’établissement du Règne de Dieu « qui est tout proche ».