Au contraire
Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.
Commentaire :
Le sarment ne peut vivre et porter fruit sans demeurer sur le cep. Le disciple ne participe pas à la vie divine et ne porte de fruit que centré sur le Christ. Relation nouvelle établie par Jésus entre Dieu et nous, relation intime et féconde, relation dans l’amour. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » Sommet de la révélation. Tout ce que Jésus reçoit du Père, son Père, c’est pour le donner.
En retour, comment aimer Jésus ? Dans la fidélité à ses commandements : « Celui qui garde mes commandements, c’est celui-là qui m’aime. » Demeurer, mot-clé du vocabulaire johannique. Il apparaît 13 fois dans le seul chapitre 15e. Il définit la permanence d’une présence dans la vie de chacun. Le résultat en sera une joie incomparable : joie à la pensée et provenant de cette intimité profonde.
Le Christ rassemble deux mots : commandement et amour qui selon toute apparence semblent s’exclure l’un l’autre. Le mot amour fait mauvaise figure lié au mot commandement. Est-il pensable d’imaginer un jeune homme et une jeune fille à qui il serait commander de s’aimer L’amour s’impose-t-il par une volonté extérieure. Ne part-il pas plutôt d’une volonté intérieure, qui ne s’assimile pas nécessairement à l’instinct. Au sentiment, peut-être ! En somme, ces deux réalités semblent plutôt s’excommunier, s’exclure.
La réalité contraire a été vécue par le Christ lui-même. Dans sa lettre aux Philippiens, l’apôtre Paul écrivait : « Comportez-vous ainsi entre vous comme on le fait en Jésus Christ. Lui, de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est dépouillé, prenant condition de serviteur, il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort sur une croix. » (Ph.2). Par amour et par obéissance, Dieu a pris l’initiative de transformer le maître en serviteur. Au pied de la croix, ces deux mots sont éternellement liés : « Tout est accompli ! » Amour et obéissance prennent un tout un autre sens et se fortifient mutuellement.
Aimez-vous comme je vous ai aimés. Pas facile d’aimer comme le Christ avec nos réflexes de maître et ainsi devenir serviteurs. Sortir des sentier battus pour vivre l’amour par obéissance sans pour autant moins aimer. Au contraire !