Noël et la nouvelle année nous rapprochent les uns des autres. C’est le temps des visites de famille, le temps des souvenirs d’enfance. Nous en profitons pour partager des nouvelles surtout quand nous n’avons pas la chance de nous rencontrer souvent. C’est aussi, il faut l’avouer, le temps où les conflits familiaux sont plus difficiles à assumer. C’est dans la fête que la famille se révèle vraiment, dans son unité comme dans ses divisions. Les bons mots nous émeuvent; les blessures nous font souffrir davantage.
À travers la famille, nous apprenons que nous sommes avant tout des êtres qui reçoivent. Tout nous est donné. D’abord et avant tout, la vie. Nous sommes nés parce qu’un homme et une femme nous ont donné la vie sans aucun mérite de notre part, sans que nous leur accordions une quelconque permission de nous enfanter. Pendant que nous grandissons, nos parents nous transmettent la langue, la culture, une mentalité, la citoyenneté. Ils nous lèguent même une partie de leurs défauts et quelques-unes de leurs qualités.
En venant au monde, tout devient pour nous un don, une grâce.
Une mère et un père sont un don que nous avons reçu. La femme est un don offert à l’homme. L’homme est un don que la femme reçoit. Les enfants qui naissent de leur union sont autant de dons offerts au couple comme à la société.
Et j’oserais même dire que notre bonheur tient principalement à la qualité de notre accueil. Notre bonheur se nourrit de la gratuité qui inonde notre existence. Une bonne partie des difficultés que nous traversons provient du fait que nous pouvons penser le contraire. Que de revendications, au fil des jours, laissent entendre que tout nous est dû. Pourtant, l’harmonie de notre existence dépend de l’accueil que nous manifestons devant ce que la vie nous offre. «Tout est grâce», comme le reconnaissait Thérèse de l’Enfant Jésus.
Cette gratuité apparaît dans la famille de Joseph, Marie et Jésus. Du moins dans ce que nous en connaissons grâce aux évangiles. L’enfant qui arrive dans la vie de ce couple est avant tout un don de Dieu à ce couple comme à l’ensemble de l’humanité. Il est aussi un don de Marie. Cette jeune femme accepte de collaborer au salut en donnant la vie à son Jésus. Cet enfant est aussi un don de Joseph. Le charpentier ne s’est pas contenté d’être un père porte-feuille. Il a transmis au fils de sa femme et Fils de Dieu une race, une culture, un peuple, une patrie. Peut-être même sa personnalité… L’homme au coeur du christianisme est juif, héritier d’un juif, un fils d’Israël.
La gratuité de Jésus se déploiera au jour le jour, dans le service des autres, en particulier des pauvres. Comme toute sa vie, son message annoncera l’amour désintéressé de Dieu. Sur la croix, le don du Christ parviendra à la plénitude de sa sollicitude et de la bonté sans mesure de Dieu. Jésus a donné non seulement sa vie, mais encore il a donné sa mort. Celle-ci n’a de sens que dans le don total qu’il fait de lui-même. En le ressuscitant, Dieu reconnaît ce don. Il le prolonge jusqu’à nous.
Au début de cette nouvelle année, je souhaite que nous devenions grâce les uns pour les autres, don mutuel dans la générosité du coeur, à la manière de Jésus, de Marie et de Joseph, à la manière de Dieu.
À vous, fidèles lecteurs, invisibles amis, heureuse année de grâce.
Denis Gagnon, o.p.