Entre le 12 et le 26 mai dernier, la maison Ipsos a réalisé un sondage sur le sentiment religieux et son rapport à la vie politique. Le sondage a été réalisé auprès d’environ mille personnes dans chacun des dix pays suivants: le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, la Corée du Sud, l’Australie, l’Allemagne, l’Italie et le Mexique.
Considérant l’importance qu’on accorde à la religion, les États-uniens arrivent bons premiers (84%), suivis des Mexicains et des Italiens. Les Canadiens arrivent en quatrième position (64%). Les Français traînent en dernier avec un faible 37% d’intéressés par la dimension religieuse.
Croyez-vous en Dieu? 70% des citoyens des États-Unis affirment «dur comme fer» croire en Dieu, ne laissant aucune place au doute. À peine 2% d’entre eux sont athées. Pour leur part, 19% des Français ne croient pas en Dieu; ils sont là-dessus sur un pied d’égalité avec les Coréens. Les Anglais suivent de près (16%).
71% des Français se disent catholiques alors que, curieusement, la moitié affirment ne pas croire en Dieu ou être agnostiques! Les Italiens et les Mexicains les dépassent: respectivement 92% et 83% Les Canadiens se disent chrétiens à 53%, mais ils sont largement devancés par les Français (74%), les Anglais (70%), les Allemands (64%). Les gens des États-Unis se considèrent chrétiens à 56% ou appartenant à d’autres religions (35%).
Beaucoup de chiffres! Certains voudraient sans doute que les chiffres soient plus élevés du côté des croyants ou de l’importance accordée au sentiment religieux en général. On peut regretter de voir baisser l’intérêt pour la question religieuse en général, pour la vie chrétienne en particulier. Le sondage mesure la réalité en termes quantitatifs. Cela ne révèle pas tout.
À quels résultats serions-nous parvenus au temps des évangiles? Une petite poignée de disciples ont suivi Jésus parmi les foules qui ont couru l’entendre et parmi les autorités qui l’ont combattu. Une petite poignée d’indisciplinés et pas toujours des gens cohérents. Qu’on pense aux grandes promesses de Pierre et à sa déconfiture au moment de l’arrestation de Jésus. Les premiers qui ont suivi le Christ n’auraient sans doute pas figurer parmi les grands intellectuels de la planète, ni les Prix Nobel, ni les figures charismatiques qui font la une des journaux et se retrouvent sur les plateaux de télévision. Ils étaient ordinaires, bien ordinaires. Un bon entrepreneur n’aurait jamais fait appel à eux pour partir un mouvement spirituel comme celui de Jésus. Il aurait fallu sans doute des leaders plus solides, selon les lois de l’entreprise et du management.
Tout a commencé dans la faiblesse. Tout s’est poursuivi aussi dans la faiblesse. Avec quelques époques brillantes sans doute. Et même triomphantes. Mais les siècles les plus marquants demeurent ceux où les chrétiens étaient conscients de leur fragilité et soucieux de s’en remettre à Dieu. En cela, ils s’inscrivaient et s’inscrivent encore dans la longue généalogie de la faiblesse où Dieu manifeste sa force.
C’est une constance dans l’aventure judéo-chrétienne, cet appel à s’abandonner entre les mains de Dieu. À ne compter que sur lui. À oser au delà parfois du raisonnable. À risquer sans attendre d’autre soutien que celui de Dieu.
Cela ne signifie pas que Dieu nous convie à l’imprudence et à la désinvolture. Nous sommes et demeurons responsables des actes que nous posons. Le travail de l’intelligence et du jugement reste essentiel. Dieu n’a-t-il pas créé ces facultés pour que nous nous en servions?
Bref, peu importe les pourcentages! Et même les sondages! La vraie lecture de la réalité se trouve à un autre niveau. La logique de Dieu s’exprime différemment de la nôtre. Finalement, tout est grâce. Plus que tout, y consentir!