Pour lire au seuil de l’été, une pensée du IIIe siècle, comme celle d’Origène, philosophe d’Alexandrie, il faut découvrir avant tout le croyant soucieux de partager son expérience spirituelle. C’est un maître qui parle et expose les dispositions indispensables à une prière fructueuse. Ce traité sur la prière, Origène l’a vécu avant de l’écrire. Il est comme un exposé de son long cheminement intérieur. Écrit pour Ambroise et Tatiana, deux laïcs qui lui avaient partagé leurs difficultés, ce livre est le fruit de l’âge mûr. Il a été rédigé vers 234 alors que l’auteur pouvait approcher de la cinquantaine. Un extrait de ce traité sur la prière pourra nous aider à passer l’été sans trop décrocher de la vie spirituelle que nous aurions pu développer au cours de l’année. Il sera comme une protection contre toutes les intempéries de la saison estivale souvent propice au laisser-aller, compagnons fréquents de la chaleur et du soleil.
« Il me semble que celui qui se dispose à prier, doit se recueillir et se préparer quelque peu, pour être plus prompt, plus attentif à l’ensemble de sa prière ; il doit de même chasser toutes les anxiétés et tous les troubles de sa pensée, et s’efforcer de se souvenir de la grandeur du Dieu qu’il doit approcher ; songer qu’il est impie de se présenter à lui sans attention et sans effort, avec une sorte de sans-gêne ; rejeter enfin toutes les pensées étrangères. »
« En venant à la prière, il faut présenter pour ainsi dire l’âme avant les mains, élever l’esprit vers Dieu avant les yeux, dégager l’esprit de la terre avant de se lever pour l’offrir au Seigneur de l’univers, enfin déposer tout ressentiment des offenses qu’on croit avoir reçues, si on désire que Dieu oublie le mal commis contre lui-même, nos proches ou la droite raison. »
« Comme les attitudes du corps sont innombrables, celle où nous étendons les mains et levons les yeux au ciel doit être sûrement préférée à toutes les autres, pour exprimer dans le corps l’image des dispositions de l’âme pendant la prière. Nous disons qu’il faut agir de la sorte, quand il n’y a pas d’obstacles. Mais les circonstances peuvent amener parfois à prier assis, par exemple quand nous avons mal aux pieds ; ou même couché à cause de la fièvre. Pour la même raison, si, par exemple, nous sommes en bateau ou que nos affaires ne nous permettent pas de nous retirer pour nous acquitter du devoir de notre prière, nous pouvons prier sans prendre aucune attitude extérieure. »
« Pour la prière à genoux, elle est nécessaire lorsque quelqu’un s’accuse devant Dieu de ses propres péchés, en le suppliant de le guérir et de l’absoudre. Elle est le symbole de ce prosternement et de cette soumission dont parle saint Paul, lorsqu’il écrit : « C’est pourquoi je fléchis les genoux devant le Père, de qui vient toute paternité dans le ciel et sur la terre » (Ep. 4,14-15). C’est là l’agenouillement spirituel, ainsi appelé parce que toute créature adore Dieu au nom de Jésus et se soumet humblement à lui ; l’Apôtre semble y faire allusion quand il dit : « Qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers » (Ph. 2,10).