Durant la nuit de Pâques, des milliers d’adultes à travers le monde ont reçu le baptême et la confirmation. Ainsi, ils ont rejoint la longue caravane des disciples qui marchent à la suite du Christ ressuscité. Ils participent maintenant à l’aventure de la foi avec des milliards de croyants et de croyantes depuis 2000 ans. Ils font partie d’une immense famille où se retrouvent des personnages illustres comme la vierge Marie, saint Joseph, saint Dominique, sainte Catherine de Sienne, saint François, sainte Marguerite Bourgeoys, sainte Marguerite d’Youville, le Frère André.. Ils sont les frères et les soeurs de milliers d’autres dont les noms sont perdus pour nous mais qui demeurent bien présents dans le coeur de Dieu.
Qu’est-ce que les années à venir réservent aux nouveaux baptisés de Pâques? Pour l’instant, ils sont dans la joie. Ils vivent leur foi avec enthousiasme. Après deux ou trois ans de préparation, ils sont enfin des chrétiens et des chrétiennes à part entière. Au cours de leur vie de baptisés, leur foi traversera différents climats; elle connaîtra des hauts et des bas comme il nous arrive à nous aussi de vivre de beaux jours et de moins beaux jours.
Parfois, les nouveaux baptisés ne comprendront pas trop les appels de Dieu à travers les événements de leur vie. Ils trouveront difficiles les exigences de l’Évangile. Tout ce qui les tiendra dans la foi, c’est l’engagement qu’ils ont pris le jour de leur baptême, en renonçant au mal et en choisissant de suivre Jésus Christ. Ils seront alors des croyants par devoir, pour rester conforme à la promesse de leur baptême. Ils croiront sans voir. Ces périodes-là seront difficiles à vivre. Ils ne connaîtront pas nécessairement la joie de croire. Ils tiendront le coup sans plus.
Parfois, les nouveaux baptisés traverseront des périodes faciles. Par un concours de circonstances heureux, la foi ne leur causera pas de soucis. Les choses iront bien. L’Évangile se présentera comme une belle avenue large et spacieuse. Tant mieux si cela arrive. Ces moments permettent d’emmagasiner des forces pour tenir le coup en d’autres temps. À moins que tout soit devenu facile parce que les baptisés se sont habitués à croire. À moins qu’ils aient adapté l’Évangile pour que la foi soit confortable, pas trop dérangeante. Ils seront devenus alors des croyants et des croyantes par habitude.
J’espère cependant que les nouveaux baptisés vivront une foi plus vivante. Je souhaite qu’ils dépassent la foi par devoir ou la foi par habitude. Que leur foi soit dynamique, une foi qui cherche, une foi qui doute. Comme la foi de Thomas, j’espère qu’ils n’avaleront pas tout sans se poser des questions. J’espère qu’ils se battront avec leur foi comme Jacob a lutté avec l’Ange. J’espère que leur foi suscitera en eux de la créativité. Créativité dans l’art de venir en aide à leur prochain, se laisser entraîner par l’Esprit de charité. Créativité dans l’art d’espérer, creuser en soi la soif de Dieu, devancer la réalisation du royaume en ce monde. Vivre une foi et une espérance têtues.
Au fil des années, les nouveaux baptisés feront face à l’opposition. D’autres autour d’eux ne croiront pas. Davantage, d’autres les trouveront ridicules de croire. D’autres avanceront des raisons de ne pas croire, et même des raisons qui ont de l’allure. Les nouveaux baptisés auront à vivre leur foi malgré tout. Pas une foi aveugle, mais une foi qui a de l’intelligence, une foi qui cherche. Que leur foi ait aussi du coeur. Qu’elle creuse le désir d’infini qui habite chacun et chacune, qu’elle envahisse toute la personne. Tout au long de leur vie, qu’ils se rappellent souvent cette parole de Jésus: «C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie»! À la fidélité de Dieu à leur endroit, qu’ils présentent leur propre fidélité, une fidélité créatrice, qui les entraîne et les garde en marche.