Christ de l’angoisse, de l’abandon
et de la solitude;
Christ dans le jardin nocturne
où passe déjà le vent de la trahison;
Christ dont la douleur veille
tandis que toutes amitiés dorment :
aie pitié des agonisants
dans les minutes qui précèdent la mort,
quand leurs mains tirent les draps.
Et donne-leur conscience
de leur sacrifice uni au tien,
pour le rachat de l’humanité.
Aie pitié de ceux
dont toutes les heures sont des agonies :
des angoissés,
au souffle contenu et à la poitrine serrée
dans l’étau de leurs fantasmes;
des scrupuleux,
ployant sous la croix pesante
de leurs péchés imaginaires;
des peureux,
terrifiés par leurs fantômes intérieurs;
des persécutés,
qui cherchent à droite et à gauche
les embûches de leurs ennemis;
des malades imaginaires,
dont nul ne prend au sérieux la vraie maladie;
de tous ceux
qui heurtent sans cesse du front
le mur de leur inconscience,
et à qui leur agonie perpétuelle
interdit l’accès à la joie.
Envoie-leur l’ange de la consolation,
afin que, au moins,
ils puissent connaître la joie douloureuse
d’unir leur agonie à la tienne.