À la mi-février se faufile une fête pas comme les autres: la Saint-Valentin. Certains la trouvent quétaine et lèvent le nez sur les coutumes «saint-valentines». Et pourtant, la moitié des Canadiens la soulignent d’une manière ou d’une autre, d’après un sondage Léger Marketing réalisé en janvier 2003. Dans un ouvrage récent sur les fêtes et rituels, la journaliste Chantal Dauray écrit: «La Saint-Valentin représente un moment significatif pour réfléchir à notre relation et raviver nos liens. Dans un mois de grande froidure, on ne va pas s’en priver!» (Réinventez vos cérémonies, fêtes et rituels! Des idées pour les moments forts de la vie, Montréal, Stanké, 2004, p. 212) Profitons du 14 février pour réfléchir aux rapports que les hommes et les femmes entretiennent entre eux.
«Chaque époque, selon Martin Heidegger, a une chose à penser. Une seulement. La différence sexuelle est celle de notre temps.» (Cité par IRIGAREY, Luce, Éthique de la différence sexuelle, Paris, Éditions de Minuit, 1984, p. 13)
Nous vivons présentement de grands changements dans les rapports humains, spécialement dans les relations entre les hommes et les femmes. Nous portons des questions fondamentales. Nous sommes enclenchés sur des conversions importantes à faire. Dépasser les stéréotypes, les clichés sexistes, les préjugés sur les femmes comme sur les hommes: autant de questions que nous ne pouvons esquiver.
Dans notre réflexion sur la différence sexuelle, nous devons corriger l’erreur qui nous fait confondre l’égalité et l’identité. Égalité n’est pas synonyme d’uniformité. Nous avons tort si nous pensons qu’il faille parvenir à une humanité sans distinction, sans différence sexuelle ou encore que la femme doive adopter des modèles masculins et que l’homme doive se féminiser.
Dans le premier récit de la création au livre de la Genèse (1, 1 – 2, 4), l’ensemble des oeuvres créées par Dieu se présentent dans la différenciation: ténèbres et lumières, terre et eaux, eaux d’en haut et eaux d’en bas, les jours et les nuits, etc. Jusqu’à l’homme qui apparaît homme et femme, et image de Dieu en tant qu’homme et femme au point qu’on soit forcé de dire avec Emmanuel Lévinas: «L’homme sans la femme diminue dans le monde l’image de Dieu.» (Difficile liberté, Paris, Albin Michel, 1976, p. 55)
Alors que Dieu n’a aucun sexe, son image sur la terre est avant tout sexuée. C’est même la première chose qui est dite d’elle. L’islam proclame, dans une tradition coranique: «La première chose que Dieu a créée en l’homme fut son sexe.» (Nous suivons ici ligne après ligne les propos de LACROIX, Xavier, dans L’avenir, c’est l’autre, Paris, Cerf, 2000, p. 211)
L’homme seul ne peut tout dire de l’humanité. «Le sexe en tant que différence est ce qui interdit radicalement à l’homme de s’enfermer dans l’image qu’il se fait de lui-même.» (VASSE, Denis, La Chair envisagée, Paris, Seuil, 1988, p. 297)
Et Xavier Lacroix de poursuivre: «Chacun doit se dire: je ne contiens pas tout l’humain en moi; ce que je suis ne peut se comprendre qu’en référence et différence avec ce qu’est l’autre moitié de l’humanité, dont je ne suis pas.» (Op. cit., p. 211)
Comme le couple est image de Dieu, il ne peut être perçu dans toute sa richesse et se percevoir lui-même que dans la révélation que Dieu fait de lui-même. Nous ne pouvons nous comprendre et nous connaître qu’en laissant Dieu se dire lui-même et se faire connaître. Par ailleurs, Dieu ne veut être perçu que dans la médiation de l’humanité, plus précisément dans le couple qui exprime Dieu, qui en est l’image et la ressemblance.
Bonne Saint-Valentin!