Au cours de la semaine qui vient de finir, l’UNICEF a publié son rapport annuel. Le document est intitulé: «La situation des enfants dans le monde». Nous apprenons qu’un milliard d’enfants sont victimes de la pauvreté et de la misère. Presqu’un enfant sur deux doit se battre pour demeurer en vie. Près de 34% des enfants sur cette terre vivent entassés les uns sur les autres dans une seule pièce. Plus de 30% ne bénéficient pas de services sanitaires de base. 21% ne demeurent pas proches de sources d’eau potable. 13% des enfants ne peuvent pas aller à l’école. On compte 15 millions d’orphelins à cause du sida.
Le rapport de l’UNICEF affirme: «Les enfants vivant dans la pauvreté sont privés de ressources dont ils ont besoin sur les plans matériel, spirituel et affectif pour survivre, se développer et s’épanouir, ce qui les empêche de jouir de leurs droits, de donner la pleine mesure de leurs capacités ou de participer à la vie de la société en tant que membres à part entière.»
Le rapport de l’UNICEF paraît au moment où, dans les églises catholiques du monde entier, le prophète Jean-Baptiste envoie demander à Jésus: «Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?» Jésus répond: «Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.» (Matthieu 11, 3-5)
Entre la situation misérable des enfants et les propos de Jésus, il y a un très grand écart. Et la réaction normale serait de dire: Jésus n’est pas celui qui doit venir, nous devons en attendre un autre. La venue du Fils de Dieu n’est pas une réussite. Paroles et gestes de Jésus n’ont pas atteint la cible. Par conséquent, nous devons attendre un autre super médecin qui va éradiquer la maladie dans le monde. Nous devons attendre un autre super travailleur social qui va assurer des conditions de vie décentes pour tous les enfants de la terre. Nous devons attendre un autre super ministre de l’éducation, de la santé et du bien être social. Et, devant l’écran de notre téléviseur, confortablement dans nos pantoufles, armés d’un sac de chips et d’une bonne bière, nous allons guetter la venue de ce super messie.
Nous pouvons, cependant, faire une autre lecture du récit évangélique. Imaginez Jésus à la fin de 2004 en train de répondre aux envoyés de Jean-Baptiste: «Allez rapporter à Jean ce que vous voyez et entendez: des aveugles commencent à voir la misère des enfants dans le monde; des boiteux se sont dressés et, les bras chargés de nourriture, ont marché vers des enfants qui ont faim; des lépreux se sont vus guérir eux-mêmes en prenant soin d’enfants malades et mourants; des sourds se sont mis à entendre les pleurs des enfants que le sida a rendu orphelins; bref, partout dans le monde, des hommes et des femmes se sont tournés vers les enfants avec une Bonne Nouvelle pour eux: un présent plus chaleureux, un avenir plus ensoleillé.
Depuis plus de 2000 ans, le messie n’a pas d’autre mission que de nous réveiller à nos responsabilités personnelles. Il ne demeure parmi nous que pour nous amener à nous occuper de nos affaires. Et la situation des enfants dans le monde, c’est notre affaire. Si nous demeurons passifs devant ce qui se passe, nous ne sommes que des roseaux agités par le vent. Si nous demeurons insensibles à la détresse humaine, en particulier, à celle des enfants, nous ne sommes que des gens en vêtements luxueux emmurés dans nos palais royaux.
Noël est à nos portes. Souhaitons que, cette année, le message de la fête nous entraîne à nous engager pour qu’il y ait moins de pauvreté dans le monde. Le plus beau cadeau à déballer, ne serait-ce pas de nous donner le goût de changer quelque chose pour qu’il y ait moins de larmes et plus de sourires sur le visage des enfants du monde?