Je vous présente ce mois-ci un ouvrage collectif auquel j’ai apporté une petite contribution. Ce livre a été rédigé sous la direction de Georges Convert par une dizaine d’auteurs dont André Gouzes, Richard Guimond, Odette Mainville et André Myre. Il commence par un manifeste intitulé «Des églises sans Église» signé par plus d’un centaine de personnes du Québec, de l’Europe et de l’Afrique.
Que deviendra l’eucharistie, alors que le nombre de prêtres continue de diminuer et que les assemblées dominicales mettent en présence des personnes ayant peu de liens entre elles? Par leur froideur et leur solennité, les célébrations actuelles ressemblent bien peu à celles des premières communautés, qui se déroulaient dans le cadre domestique. Les auteurs de cet ouvrage proposent une pratique complémentaire à celle des assemblées paroissiales : les «repas de fraternité» ou agapes. Il s’agit de se réunir en petit groupe, à domicile, donc dans un contexte plus chaleureux favorisant la création d’un tissu de liens véritables entre disciples du Christ.
Dans le repas de fraternité, on partage la Parole, on la fait circuler en exprimant ses résonances dans l’expérience quotidienne et en s’écoutant les uns les autres. On partage aussi un véritable repas et on y fait circuler le pain et la coupe en mémoire du Christ. Il ne s’agit pas de confondre ce repas de fraternité avec l’eucharistie, écrit André Gouzes (p. 86), mais de reconnaître la richesse de sa signification symbolique pour la foi : son authenticité fraternelle, sa sincérité humaine, sa profondeur spirituelle et ecclésiale. Dans nos célébrations paroissiales, la dimension anthropologique du repas partagé, qui est pourtant essentielle au déploiement du sens de l’eucharistie, se trouve négligée. La pratique des agapes permet d’en faire une expérience plus directe.
Le livre ne se contente pas de faire l’apologie de cette pratique mais propose également des instruments pour la mise en œuvre : propositions pour la formation de leaders, exemples de commentaire de l’Écriture, chants et prières. On peut aussi se procurer une vidéocassette de 20 minutes, Ce repas qui nous fait chrétiens, qui montre le déroulement d’un repas de fraternité. Il existe aussi un disque de prières et de chants, Le repas, terre du Christ.
Et pourquoi les repas de fraternité ne seraient pas les repas d’eucharistie ? Fi des liturgistes ou des canonistes ou des théologiens ! Redevenons des humains qui redécouvrent la fraternité non sacralisée par des prêtres dominateurs !