La tyrannie de la haine est brisée, les larmes d’Ève sont taries,
Par l’effet de Votre Passion, ô Ami de l’homme, Christ Dieu;
Par elle, le mort retrouve la vie,
Par elle, le larron obtient un refuge. Seul Adam se réjouit.
Ô ciel, sois dans la stupeur! Ô Terre sombre dans le chaos!
Ô soleil, ne t’aventure par à regarder ton maître
pendant par sa volonté au bois de la Croix.
Que les rochers se fondent!
car le rocher de la vie est aujourd’hui blessé par les clous.
Que le voile du Temple se déchire,
car le corps du Seigneur est transpercé d’une lance par les criminels.
Oui, que toute la création, au spectacle de la Passion du Christ,
tremble et gémisse. Seul Adam se réjouit.
Vous avez pris, ô mon sauveur, ma nature pour que j’obtienne la Vôtre.
Vous avez accepté la Passion pour que maintenant
je mortifie mes passions; par Votre mort je revis.
Vous avez été mis au tombeau
et vous m’avez donné pour séjour le paradis.
En descendant aux abîmes Vous m’avez exalté.
En détruisant les portes de l’enfer, Vous m’avez ouvert les portes du Ciel;
Vous avez tout enduré à cause de l’homme pécheur,
Vous avez tout souffert, pour la réjouissance d’Adam.
Vous qui tenez dans votre main le globe de la terre,
les impies Vous ont pris, ils ont amené dans la cours de Caïphe
Celui que l’univers ne peut enfermer.
Le Rédempteur est flagellé, le Libérateur enchaîné :
Il est étendu nu contre une colonne,
Celui qui a posé les colonnes de la terre,
comme le dit David, est lié à une colonne.
Celui qui a montré au peuple son chemin dans le désert,
quand apparaissait devant lui la colonne flamboyante,
est enchaîné à une colonne.
Le rocher est sur la colonne, et la pierre est taillée…
L’homme terrestre mourait de soif, consumé par la chaleur,
Il errait dans le désert, dans les lieux sans eau,
et, malheureux, ne trouvait pas de quoi étancher sa soif…
Alors, mon Sauveur,
Fontaine des biens, fit jaillir les flots de la vie,
En criant : « C’est de ton flanc qu’est née la soif. »
Double est le torrent qui en jaillit : il lave et il abreuve
ceux qui se sont souillés, pour qu’Adam se réjouisse…
Chante-Le, ô homme terrestre, exalte Celui qui a souffert
et qui est mort pour toi, et, quand, vivant,
il t’apparaîtra bientôt, accueille-le dans ton âme.
Car le Christ doit se lever
du tombeau, et te renouveler, ô homme.
Prépare donc pour Lui une âme pure,
Afin que, en l’habitant, ton Roi en fasse le Ciel.
Encore un peut de temps, et il viendra remplir de joie
les affligés, pour qu’Adam se réjouisse.
Romanos le Melode (Syrie VI siècle)