Simon Wiesenthal est né en 1908 à Lemberg (Lvov), ville de Pologne qui fait aujourd’hui partie du territoire de l’Ukraine. En raison de son appartenance au judaïsme, la famille de Simon Wiesenthal a fait les frais de l’appétit de conquête de l’empire soviétique et du régime nazi en Allemagne. Plusieurs de ses parents et amis sont décédés entre les mains du NKVD ou des SS. Lui-même a subi l’épreuve terrible des camps de concentration. Dès la fin de la guerre, il a consacré sa vie à la chasse aux criminels nazis, au nom de la justice et de la mémoire.
Dans Les Fleurs de soleil, Simon Wiesenthal livre un récit troublant à ses lecteurs. Alors qu’il était emprisonné dans un camp de travaux forcés, Wiesenthal a été appelé au chevet d’un SS en train de mourir de ses blessures. Ce jeune officier se torturait au souvenir de la mort violente qu’il avait contribué à infliger à un groupe de familles juives. Au seuil de la mort, sa conscience lui faisait reproche d’avoir commis une telle atrocité. Il éprouvait le besoin de confesser ses crimes à un juif, quel qu’il soit. À la fin, le jeune SS demande à ce juif qu’il ne connaissait pas de lui accorder le pardon.
Simon Wiesenthal a reçu cette confession qu’il n’avait pas demandée de la part d’un des confrères de ses propres bourreaux. Il a tenté plusieurs fois de se dérober mais il a finalement écouté jusqu’au bout. À la demande du jeune SS, il a répondu par le silence. Il ne sentait pas autorisé à accorder le pardon au nom des familles assassinées par cet homme. Mais cette expérience l’a profondément bouleversé. Aurait-il dû pardonner au jeune allemand? A-t-il eu tort ou raison?
À cette question troublante, douze personnalités ont accepté de se confronter : Olivier Abel (philosophe et éthicien protestant français), Lytta Basset (théologienne et pasteure protestante suisse), Christian Delorme (prêtre catholique de Lyon), Jacques Duquesne (romancier et journaliste), Xavier Emmanuello (fondateur de «Médecins sans frontières»), Elisabeth de Fontenay (philosophie française), Alfred Grosser (historien de l’Allemagne), George Hourdin (auteur d’ouvrages religieux), Anita Lasker (musicienne juive allemande survivante des camps), Matthieu Ricard (moine bouddhiste d’origine française), René-Samuel Sirat (rabbin juif français) et Simone Veil (politicienne française survivante des camps). Ces contributions nourrissent la réflexion mais n’épargnent en rien au lecteur la nécessité de se confronter à la question dérangeante de Simon Wiesenthal. (Paris, Albin Michel, 1999, 281 pages¨.)