Normand Provencher est Oblat de Marie Immaculée, théologien, professeur à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. Son récent ouvrage intitulé Trop tard? est destiné à stimuler la discussion chez les personnes qui se préoccupent du sort de l’Église au Québec et dans le reste de l’Occident. En fait, ce livre porte vraiment la marque de la situation québécoise, où le changement de la situation de l’Église depuis quarante ans se vit de manière prononcée et dramatique.
L’auteur désire poser un diagnostic le plus lucide possible sur la situation de l’Église catholique comme institution. Pour y parvenir, il analyse la situation sous plusieurs angles différents. Il commente les données connues sur la baisse des effectifs : il reste si peu de pratiquants, le recrutement des prêtres, religieux et religieuses se fait au compte-goutte. Il constate la rupture de transmission d’un héritage religieux autrefois prédominant dans la culture. Le renouvellement de la catéchèse et des rituels à partir des années soixante semble avoir précipité plutôt qu’endigué une telle rupture. En outre, la rencontre de l’Église avec la modernité semble un rendez-vous manqué et il ne suffit pas de parler d’évangélisation pour que se produise une nouvelle inculturation de l’Évangile dans la culture actuelle. Enfin, l’Église souffre d’un grave manque de crédibilité et jouit d’une mauvaise réputation dans la société et dans les médias. Normand Provencher exprime des réserves à l’égard des réaménagements pastoraux opérés à grande échelle depuis quelques années et se désole du manque d’imagination et de créativité dans l’Église.
Normand Provencher fait la synthèse des graves problèmes auxquels fait face l’Église, autrefois institution prospère et influente. Le portrait est accablant et l’auteur en vient à affirmer que l’Église d’ici mourante, en phase terminale. Il est sans doute vrai que nous assistons à la fin d’un monde, à la faillite d’une forme de christianisme. Ce qui est en train de s’éteindre ne retrouvera pas soudainement son lustre d’antan. L’auteur se demande si le Québec de demain sera catholique. Cette simple question témoigne de la perte et du deuil immenses que doivent vivre les personnes encore attachées à la figure de l’institution catholique. Ce livre témoigne bien du point de vue et de l’expérience des croyants et croyantes des générations plus âgées. Pourtant, la vie pousse et l’Esprit souffle ailleurs, dans le droit fil de l’Évangile mais dans les marges de l’institution. Sommes-nous prêts à appeler Église ce qui surgit hors des cadres sensés contenir la vie mais impuissants à la faire surgir?
Très intéressant! Je crois que tout cela peut être avantageusement complété par la lecture de: Louis Cattiaux, Le Message Retrouvé (livre d’ailleurs dédicassé aux peuples noirs!) et: Emmanuel d’Hoogvorst, Le Fil de Pénélope.
On peut trouver ces ouvrages notamment chez Beya Éditions.