Comment se fait-il que vous m’ayez cherché?» La mère avait posé elle-même une question. Le fils a répondu par une autre question: «Comment se fait-il que vous m’ayez cherché?»
Dans la bouche d’un jeune adolescent, presqu’un enfant, la question est étonnante. Depuis quand un fils peut-il être surpris parce que ses parents le recherchent? Que des parents s’inquiètent, qu’ils fassent la tournée des endroits où leur enfant puisse se trouver, cela va de soi. Quel père, quelle mère n’a pas veillé, une nuit ou l’autre, à attendre l’adolescent qui avait dépassé le couvre- feu? Une mère peut-elle oublier la chair de sa chair? C’est le contraire qui devrait susciter des questions.
Aujourd’hui, la question de Jésus ne s’adresse pas seulement à Marie et au silencieux Joseph. Nous pouvons l’entendre pour nous-mêmes, cette question. «Comment se fait-il que vous m’ayez cherché?» Nous nous rassemblons dans des églises, en présence du Christ: comment se fait-il que nous le cherchons?»
La réponse à cette question est complexe et mystérieuse. Certains diront: nous avons eu des parents chrétiens qui nous ont initiés à la foi. Nous avons vécu dans un contexte religieux qui a soutenus notre quête de lumière. Par contre, d’autres n’ont pas connu ce milieu porteur, leur famille n’était pas particulièrement fervente, parfois même totalement indifférente. Et pourtant, aujourd’hui, ils croient. Chacun a son itinéraire de foi bien particulier; il n’existe pas de cheminement qui aboutisse automatiquement à la foi. Et quand Jésus nous demande: «Comment se fait-il que vous m’ayez cherché?», chacun donne une réponse personnelle et unique.
Mais il y a une constante qui relie nos chemins divers: Dieu fait partie de nos histoires de vie. Explicitement ou discrètement… À un moment ou l’autre, il se manifeste. Il se donne comme il a donné le petit Samuel à sa mère Anne malgré la stérilité de cette femme. Il apparaît dans la fraternité familiale ou dans la camaraderie de l’adolescence, dans la passion qui unit un homme et une femme. Il s’exprime dans la souffrance qui assombrit une vie ou dans la joie qui la transfigure. Il vient même dans les angoisses extrêmes, les jours où plus rien ne tient. Toujours, à travers mille langages, Dieu se dit, Dieu se donne, Dieu s’offre.
Il n’existe pas de vie humaine qui ne soit pas une histoire sainte. Dans chacun de nos itinéraires, Dieu s’est engagé au moins autant que nous nous sommes engagés nous-mêmes. Dieu écrit son récit de vie à même nos propres récits personnels. Et chacune de nos familles – qu’elle soit pieuse ou non, croyante ou non – est riche de la présence de Dieu comme la famille de Joseph et de Marie comprenait Dieu manifesté sous les traits de Jésus, leur enfant.
En ce temps de Noël, en ce temps de réjouissances et de fêtes familiales, en ce temps où nous remontons la généalogie de nos souvenirs, la liturgie a raison de nous lancer la question de Jésus: «Comment se fait-il que vous m’ayez cherché?» Et nous n’avons pas trop de quelques jours de fêtes pour donner une réponse à cette question.