La curiosité! Un vieux mot qui est né au moyen âge, mais dont la réalité existe depuis toujours. Chez les humains sans aucun doute, mais aussi chez les animaux. Qui n’a pas vu un chien fouiner dans un bosquet ou un écureuil se pointer le nez à la moindre chose qui bouge?
Il existe une curiosité plutôt détestable: ce désir malsain d’entrer dans la vie des autres, de percer leurs secrets. On veut savoir ce que font les autres, ce qu’ils mangent, comment ils dorment, ce qu’ils lisent, quels vêtements ils portent, quels loisirs les occupent, etc. On questionne. Directement ou par des moyens détournés. Que ne ferait-on pas pour tout savoir? Quand il s’agit d’une personne publique, on a tendance à croire que c’est un droit. Les journalistes, à sensation ou non, en font leur mystique: «Le public a droit de savoir», affirment-ils pour se justifier. Ces dernières années, l’indiscrétion a trouvé ses lettres de noblesse grâce à la télé-réalité. Elle est ainsi devenue recevable, indispensable même. Comment peux-tu participer à la pause-café du lendemain si tu n’as pas vu «Occupation double» ou «Loft Story», de la veille? La curiosité est devenue le loisir idéal, celui qui se mange et ne crée pas d’indigestion! Le fast food en produit santé! Bref, le voyeurisme canonisé!
Je préfère m’adonner à un autre type de curiosité. Le Petit Robert le définit ainsi: «Tendance qui porte à apprendre, à connaître des choses nouvelles. V. Appétit, soif (de connaître).» Pour illustrer sa définition, mon dictionnaire ajoute deux citations. D’abord, Anatole France qui aurait dit: «L’art d’enseigner n’est que l’art d’éveiller la curiosité des jeunes âmes». Et ce mot d’André Maurois: «La science est une longue et systématique curiosité».
Connaître, percer les secrets de la nature, scruter les mystères des grands espaces, entrer dans l’univers des infiniment petits. Apprendre, découvrir, chercher, questionner, autant de mots pour dire l’insatiable activité de l’intelligence humaine. Avec, au point de départ, cette étincelle de curiosité qui déclenche l’excursion au royaume des choses et des êtres.
Au début de l’an 2004, des scientifiques ont réussi à déposer un robot sur la planète Mars. Et la «bibitte» mécanique se promène, prend des photos, analyse le sol, cherche des traces de vie. Exploit admirable que rêvait Jules Verne mais qui semblait impossible pour ses contemporains. Exploit qui nous étonne nous-mêmes malgré que chaque jour nous apporte son lot d’inventions et de découvertes.
À l’origine de l’aventure martienne, vous trouverez inévitablement la curiosité. Elle est là. Elle titille le cerveau d’un savant. Elle attire l’attention. Elle met en marche la réflexion d’une équipe de chercheurs. Elle surgit tout au long de la démarche. Elle talonne. Elle fait rebondir d’une expérience à une autre. Bref, elle conduit le bal des recherches et des découvertes, la danse de la connaissance.
Curieusement – c’est le cas de le dire – quand la curiosité agit, elle se déploie, elle grandit. Si vous la laissez faire, vous ne cesserez plus de chercher. Tout attirera votre attention. Vous vous surprendrez à suivre une fourmi et à surveiller son travail. Vous creuserez la pensée d’un philosophe ou la trouvaille d’un savant.
La curiosité vous installera dans un état de formation permanente. Vos connaissances feront reculer les frontières de votre ignorance. Vos propos auront de l’horizon. Le sens de la vie prendra de l’ampleur. La lumière jaillira.
Tout cela à cause d’une petite amie, dynamique, énergique, bouillonnante de points d’interrogation: la curiosité.