Né hors de Turin, en Italie, au 4e siècle, Maxime semble avoir passé sa vie à la campagne. En son temps, le christianisme coexiste avec un paganisme qui ne se résigne pas à céder ; les fidèles, surtout ceux des campagnes, se détachent difficilement des coutumes idolâtriques ; à l’intérieur de la communauté, on trouve aussi des hérétiques, ariens surtout, terrés comme des renards pour dévorer les poussins de la mère Église. Plusieurs de ses sermons font allusion au troubles provoqués par les invasions barbares. Saint Maxime a une spiritualité bien personnelle ; ses homélies présentent des vues originales sur les mystères du temps liturgiques et la structure des célébrations. Ainsi le mystère de Pâques célèbre la mort et la résurrection. La croix est source de salut ; en s’attachant à cet arbre, tel Ulysse au mât, le Christ nous aide à passer à travers les attraits du monde, il souffre à notre place pour que sa mort devienne notre vie. Sa résurrection n’affecte pas seulement son corps, mais elle est source de vie pour nous, qui devons ressusciter tout ensemble à son exemple et en lui, comme membres de son corps victorieux. La résurrection commence en cette vie dans la mesure où nous renonçons de mieux en mieux aux passions du vieil Adam.
Par la résurrection du Christ, les enfers s’ouvrent, par les nouveaux membres de l’Église, la terre est renouvelée, et le ciel est ouvert par le Saint-Esprit. Car les enfers en s’ouvrant laissent sortir les morts, la terre renouvelée fait germer ceux qui ressuscitent, le ciel ouvert, ceux qui y montent.
Enfin le malfaiteur monte au paradis, les corps des saints entrent dans la Cité sainte, les morts reviennent à la vie ; à la résurrection du Christ, tous les éléments sont comme transfigurés.
Les enfers font remonter ceux qu’ils détenaient, la terre envoie au ciel ceux qu’elle avait ensevelis, le ciel présente au Seigneur ceux qu’il accueille ; par une seule et même action la passion du Sauveur fait remonter des abîmes, élève au-dessus de la terre, fait trouver place dans les hauteurs.
Car la résurrection du Christ est vie pour les morts, pardon pour les pécheurs, gloire pour les saints. Le saint Prophète invite toutes les créatures à fêter la résurrection du Christ, car il dit qu’il faut exulter et se réjouir en ce jour que le Seigneur a fait.
La lumière du Christ est un jour qui n’a pas de nuit, un jour qui n’a pas de fin. L’apôtre nous le dit : La nuit est partie, le jour est arrivé. La nuit est partie, dit-il, elle ne viendra plus ; comprenez-le : lorsque survient la lumière du Christ, elle dissipe les ténèbres du démon, et elle n’est pas suivie par la nuit du péché ; elle chasse par sa splendeur permanente l’obscurité présente, elle arrête la progression sournoise du péché.
C’est le Fils de l’homme qui est le jour, car le Père qui est aussi le jour lui dévoile son mystère. Je dis bien : il est le jour, lui qui a dit par la bouche de Salomon : J’ai fait se lever le jour dans le ciel lumière sans déclin.
De même que la nuit ne succède jamais à ce jour céleste, de même les ténèbres du péché ne succèdent pas à la justice du Christ. C’est pour toujours que la lumière céleste resplendit, éclaire et brille, et aucune obscurité ne peut l’emprisonner. De même c’est pour toujours que la lumière du Christ étincelle, rayonne, illumine, et ne peut être arrêtée par aucune obscurité des péchés, ce qui fait dire à saint Jean : La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Donc, mes frères, nous devons exulter en ce saint jour. Que personne ne se soustraie à la joie commune parce qu’il a conscience de ses péchés, que personne ne soit écarté des prières communes par le fardeau de ses fautes ! En un tel jour, même le pécheur ne doit pas désespérer du pardon ; c’est en effet un grand privilège. Si le malfaiteur a obtenu le paradis, pourquoi le chrétien n’obtiendrait-il pas le pardon ?