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Patristique

Désir et prière

Imprimer Par Saint Augustin

Si grand orateur fut-il, Augustin, évêque d’Hippone en Afrique, a apporté à l’Église non seulement la nouveauté de sa foi, la richesse de sa pensée, mais non moins son expérience de la prière. Des « Méditations », qu’on lui attribue faussement, connurent malgré tout un vif succès. D’un Pseudo-Augustin, elles sont incontestablement d’un disciple du grand mystique que fut Augustin et dont toute la prédication apporte le témoignage. Qu’il nous suffise de lire son enseignement sur la prière extrait d’une lettre qu’il adressait à sa « philothée » Proba. Un texte dont chacun des paragraphes mériterait bien une profonde réflexion.

À quoi bon nous disperser de tous côtés et chercher ce que nous devons demander dans la prière ? Disons plutôt avec le psaume : La seule chose que je demande au Seigneur, celle que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour savourer la douceur du Seigneur et fréquenter son temple. La, en effet, tous les jours ne passent pas en arrivant et en disparaissant, et l’un ne commence pas quand l’autre finit : ils existent tous ensemble, ils n’ont pas de fin, car la vie elle-même, dont ils sont les jours n’a pas de fin.

Pour nous faire obtenir cette vie bienheureuse, celui qui est en personne la Vie véritable nous a enseigné à prier. Non pas avec un flot de paroles comme si nous devions être exaucés du fait de notre bavardage ; en effet, comme dit le Seigneur lui-même, nous prions celui qui sait, avant même que nous le lui demandions, ce qui nous est nécessaire.

Il sait donc ce qui nous est nécessaire avant que nous le lui demandions ? Alors, pourquoi nous exhorte-t-il à la prière continuelle ? Cela pourrait nous étonner, mais nous devons comprendre que Dieu notre Seigneur ne veut pas être informé de notre désir qu’il ne peut ignorer. Mais il veut que notre désir s’excite par la prière, afin que nous soyons capables d’accueillir ce qu’il s’apprête à nous donner. Car cela est très grand, tandis que nous sommes petits et si pauvres ! C’est pourquoi on nous dit : Ouvrez tout grand votre cœur. Ne formez pas d’attelage disparate avec les incrédules.

Certes, c’est quelque chose de grès grand : l’œil ne l’a pas vu, car ce n’est pas une couleur ; l’oreille ne l’a pas entendu, car ce n’est pas un son ; et ce n’est pas monté au cœur de l’homme, car le cœur de l’homme doit y monter. Nous serons d’autant plus capables de le recevoir que nous y croyons avec plus de foi, nous l’espérons avec plus d’assurance, nous le désirons avec plus d’ardeur.

C’est donc dans la foi, l’espérance et l’amour, par la continuité du désir, que nous prions toujours. Mais nous adressons aussi nos demandes à Dieu par des paroles, à intervalles déterminés selon les heures et les époques ; c’est pour nous avertir nous-même par ces signes concrets, pour faire connaître à nous-mêmes combien nous avons progressé dans ce désir, afin de nous stimuler nous-mêmes à l’accroître encore. Un sentiment plus vif est suivi d’un progrès plus marqué. Ainsi, l’ordre de l’Apôtre : Priez sans cesse, signifie tout simplement : La vie bienheureuse qui n’est autre que la vie éternelle auprès de Celui qui est seul à pouvoir la donner, désirez-la sans cesse.

Patristique

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