On entend plus que jamais parler de spiritualité dans nos sociétés. Mais que recouvre exactement le mot spiritualité? Dans son plus récent ouvrage, Richard Bergeron, théologien et spécialiste des nouvelles religions, tente de répondre à cette question et de redéfinir la spiritualité. Il se propose « d’offrir des jalons pour l’élaboration d’une spiritualité pertinente à la culture contemporaine ». On trouvera dans ce livre un nouvel éclairage, un cadre de référence crédible, pertinent et rigoureux pour mieux comprendre ce qu’est (et ce que n’est pas) la spiritualité. On n’y trouvera pas nécessairement des suggestions sur la manière de vivre et de nourrir sa propre vie spirituelle.
Actuellement, notre société traverse une crise spirituelle. Les utopies sociales ont déçu combien de leurs promoteurs et ne soulèvent plus les foules. Il n’appartient ni à l’État ni aux grandes institutions de proposer une spiritualité. Quant aux institutions religieuses, elles semblent incapables de répondre à la quête de sens contemporaine. Quelle voie permettrait de sortir de cette impasse? Cette voie passe par l’intérieur du sujet humain et de son désir d’une vie libérée. La spiritualité consiste en un travail de prise de conscience intérieure et de transformation de soi. « Revenir chez soi, retourner à son centre, unifier son être divisé, ramener ses morceaux éparpillés, remodeler son humanité dépenaillé : telle est l’œuvre spirituelle à accomplir. » (p. 36-37) Il s’agit d’un éveil à ce qu’il y a de plus profond en soi, de manière à établir un nouveau rapport au monde, aux autres et à Dieu.
La spiritualité ne correspond pas à une zone isolée de l’existence, elle affecte l’ensemble des dimensions de la personne et des sphères de sa vie quotidienne. Pour Richard Bergeron, la vie spirituelle est cette « entreprise par laquelle l’être humain tend à la réalisation de soi par l’unification de son être autour d’un sens et d’un système de valeurs, dans le dépassement ». (p. 99) Cette conception de la vie spirituelle peut s’appliquer aussi bien aux croyants de toute religion qu’aux incroyants ou agnostiques. Toutefois, Richard Bergeron identifie clairement la coloration occidentale et chrétienne de sa position. De plus, il consacre trois chapitres de son ouvrage aux rapports complexes et souvent conflictuels entre le spirituel et le religieux. Dans son dernier chapitre, il situe sa vision du Dieu et du Christ, convaincu que le message de Jésus, Maître spirituel, « contient des éléments très utiles pour l’élaboration d’une spiritualité porteuse d’avenir pour l’humanité ». (p. 279)