Débuts compromettants
Commencement de la Bonne Nouvelle, touchant Jésus Christ, Fils de Dieu. Ainsi qu’il est écrit dans le prophète Isaïe : « Voici que j’envoie mon message en avant de toi, pour préparer ta route. Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. » Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Et vers lui s’en allaient tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés. Jean était vêtu d’une peau de chameau et se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il annonçait dans sa prédication : « Voici que vient derrière moi celui qui est plus puissant que moi ; je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour délier la courroie de ses sandales. Pour moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, mais lui vous baptisera avec l’Esprit saint. »
Commentaire :
Significatif, l’évangile de Marc débute par une phrase sans verbe. La bonne Nouvelle que doit en ce jour proclamer l’Église, c’est l’événement sauveur qui l’a précédée et lui a donné naissance. Le « Commencement » de cet évangile de Marc et l’événement sauveur qu’il proclame, c’est le ministère de Jean Baptiste ; l’activité de Jean, précurseur et baptiseur du Christ, est le prélude au ministère de Jésus. Ainsi commençait l’enseignement de Marc, sa proclamation de la Bonne nouvelle, l’Évangile. Ce terme est fréquent chez Marc. L’évangile pour l’évangéliste c’est « Je suis » (8 : 35 ; 10 : 29 ; 13 : 9+) : l’histoire de la manifestation du Christ qui révèle ce que, par lui, Dieu accomplit parmi nous. Les mentions de la proclamation de l’Évangile dans le monde entier ( 13 : 10; 14 : 9) par les disciples nous rappellent notre devoir de participation à la tâche missionnaire de l’Église.
ENTRÉE EN SCÈNE DU BAPTISTE.
« Es-tu celui qui doit venir ? » Jean Baptiste est plus qu’un prophète, (Mt.11 : 9) il est le messager chargé de préparer la voie du Seigneur qui vient après, l’envoyé de Dieu pour ouvrir le chemin à Jésus. Jean est envoyé devant, avant le Christ, (Jn.3 : 28) avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, (Lc.1 : 17) pour annoncer et baptiser le Messie et préparer le peuple en l’invitant à la conversion. Il réalisait ainsi l’espérance juive en un retour d’Élie à titre de précurseur chargé d’annoncer la venue du Messie et lui conférer l’onction. (Mal.3 : 23)
Jean prêchait un baptême de repentir en vue de la rémission des péchés. D’où son nom de « baptiste ». Deux actes distincts mais corrélatifs à sa mission sont ici désignés : exhortation à la pénitence et administration du baptême. Le judaïsme connaissait un baptême rituel et purificatoire, rite devenu plus tard initiation au judaïsme. Pour Jean, le baptême exprimait la conversion intérieure, acte humain et don divin, préludes à une prochaine intervention de Dieu.
Toute la Judée et les habitants de Jérusalem se déplaçaient. Face à cette affluence, Marc tente de montrer dans le ministère du Baptiste l’inauguration providentielle du dessein salvifique de Dieu
Les versets 7-8 marquent le sommet du passage : Jean baptiste se met à parler : il désigne celui dont il annonce la venue : « Voici que le Seigneur vient avec force et son bras dominera tout . » Cette présentation de Jean comme nouvel Élie (Mal 2) est fort bien venue. Le baptiste est perçu et se conduit comme un prophète. Sa nourriture est celle de l’homme du désert. Il annonce la venue d’un plus puissant et parle au nom de Dieu.
Mais Jean n’ose même pas comparer sa position à celle de l’esclave obligé de se baisser pour délier la courroie des sandales de son maître. Ce contraste entre Jean et Jésus est fréquent dans l’évangile ( Mt.3 : 11 ; Lc. 3 : 16; Jn. 1 : 15,27,30 ; 3 : 30 ; Ac. 13 ; 25) La supériorité du Messie est également celle de son baptême : Jean purifie dans l’eau, Jésus dans l’Esprit saint. Le baptême de Jean purifie les âmes de bonne volonté, celui de Jésus détermine le sort de tous les hommes et inaugure le règne de Dieu.
DÉBUTS COMPROMETTANTS
Nous pouvons maintenant mieux comprendre pourquoi, selon Marc, le ministère de Jean constitue le commencement de la Bonne Nouvelle. L’Évangile est événement avant d’être message. Si Marc s’intéresse au Baptiste, c’est sous deux aspects : à travers lui, Dieu réalise ses promesses ; le message de Jean concerne Jésus qui baptisera dans l’Esprit saint. Marc remonte donc du présent de son temps au début de cette histoire où Dieu intervient pour instaurer son règne. Avant même l’apparition de Jésus, c’est déjà l’Évangile, non seulement parce que Jean l’annonçait, mais parce qu’avec sa prédication, il inaugurait le temps du salut. A lui donc revenait de faire la « Une » dans l’évangile de Jésus Christ selon saint Marc. Parmi les enfants des hommes, il n’en a pas surgi de plus grand que Jean Baptiste. (Mt. 11 : 1)
L’histoire du salut dans la vie de tout être humain commence toujours par l’envoi du missionnaire devant Jésus. Tel est le pourquoi du prologue de l’évangile de Marc à ses premiers chrétiens. Cette page inusitée ne nous pose-t-elle pas question ? L’histoire du salut de l’autre ne débute-elle pas par notre témoignage ?