Il est bien connu que les chrétiens d’Orient accordent une grande importance à l’Esprit Saint dans leur liturgie, leur spiritualité, leur théologie. Chez nous, chrétiens d’Occident, l’Esprit est plus timidement évoqué et trop souvent absent. Le renouveau charismatique nous a rappelé, non sans dérives, le rôle fondamental de l’Esprit Saint dans le cheminement de foi et la vie ecclésiale. Rémi Parent a rédigé la première version de cet ouvrage il y a vingt-cinq, à l’invitation de croyants soucieux de mieux se situer par rapport au mouvement charismatique. Il a revu et corrigé cette nouvelle version d’une réflexion qui n’a rien perdu de sa pertinence.
L’approche de Rémi Parent se veut anthropologique. Autrement dit, le livre ne porte pas sur la nature de l’Esprit ou sur sa place dans la Trinité. Il s’agit plutôt d’une interrogation sur les relations entre l’Esprit et la liberté humaine de croyants chrétiens (p. 9), une interrogation dont on peut souligner les implications pratiques et quotidiennes. Toutefois, l’auteur pose d’entrée de jeu un repère théologique bien affirmé : l’Esprit dont il est question est l’Esprit de Jésus Christ . La révélation de Dieu en Jésus Christ doit jouer le rôle de pierre angulaire. L’Esprit transfigure nos morts en résurrection, à l’image de la mort et de la résurrection de Jésus.
Dans la première partie du livre, il cherche à préciser ce que l’Esprit n’est pas. Dans la deuxième partie, il procède au contraire par affirmations. Cette méthode en deux temps fait bien ressortir les grands paradoxes de la foi chrétienne. D’une part, nous expérimentons le jaillissement libérateur de l’Esprit à même nos projets bien concrets, nos engagements au cour du monde, nos expériences de vie. Nous ne pouvons faire l’économie de l’incarnation. D’autre part, l’Esprit n’est réductible à aucune de ces réalités humaines. Il les transcende et les dépasse toutes. Il ouvre nos cours à une espérance plus grande que la seule réalisation d’un projet ecclésial, social ou politique.
Dans la troisième partie, l’auteur traite surtout de la libération apportée par l’Esprit. L’Esprit du Christ Seigneur, en tant même qu’il libère la liberté, est à la fois la plénitude de l’humain et son au-delà (p. 108). Cette liberté est un don totalement gratuit qui nous renvoie au mystère de Dieu. Elle est également un projet qui nous maintient dans une quête incessante à même nos engagements de vie, si humbles soient-ils.