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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Dimanche des Rameaux. Année A.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Crucifié pour le monde

Commentaire :

Le Christ devrait être au centre de nos préoccupations en ce dimanche des Rameaux. Le connaître Lui ! avec la puissance de sa résurrection, la communion à ses souffrances. Lui devenir conformes dans la mort afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts . (Phil.3 :10) Une question demeure : Quelle place occupe dans notre monde d’aujourd’hui le Christ crucifié et que représente pour nous du XXIeme siècle sa victoire sur la mort ? Ô mort, où est ta victoire ? (1 Co.15 :54)

Avant tout, il faut ne pas perdre de vue que le kérigme primitif était uniquement la proclamation de la mort et de la résurrection de Jésus. A preuve, le discours de Pierre le jour de la Pentecôte : .Hommes d’Israël, écoutez ces paroles. Jésus le Nazaréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, ainsi que vous le savez, cet homme qui avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies ; mais Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès. (Ac.2 :22-24) Et devant le peuple, au Temple, à l’heure de la prière : . Jésus que vous, vous avez livré et renié devant Pilate, alors que ce dernier était décidé à le relâcher. Mais vous avez réclamé la grâce d’un assassin tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l’a ressuscité des morts : nous en sommes témoins. (Ac. 3 :13-14)

La fête des palmes. Bouleversée par la résurrection de Lazare, la foule fit à Jésus ce jour-là un accueil triomphal dans lequel dominait pour une fois le sentiment religieux : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Béni soit son règne qui vient, celui de David, notre Père ! Hosanna au plus haut des cieux ! Aux antipodes de cette manifestation, la voix du Grand Prêtre détonne lorsqu’il ordonne à Jésus traduit à son tribunal : Tu ne réponds rien ! Je t’adjure de par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Messie, le Fils de Dieu. (Mt. 26;62-66) Ne devrions-nous pas, nous aussi, à travers ce long récit de la passion, après la procession solennelle des Rameaux, tenter de découvrir à travers le crucifié Jésus, notre Sauveur et Roi, aujourd’hui et à jamais et dans la suite des temps ?

La passion selon saint Marc présente une homme qui, abandonné de tous, a planté sa croix comme une question posée à la face du monde. Luc de son côté montre un Sauveur plein de bonté envers ceux qu’il pardonne, invitation aux chrétiens à ne pas demeurer simples spectateurs de sa douleur.

La Passion selon saint Matthieu est comme l’ensemble de son évangile une catéchèse à l’intention des Juifs. Et il importe de retenir une fois encore que le bloc Passion-Résurrection ne constitue pas la conclusion de l’Évangile ; proclamé originellement comme l’essence de l’Évangile,. ce long passage est comme le tunnel au bout duquel tout ce qui précède attend sa lumière ; l’ensemble de l’évangile est composé de façon à conduire les lecteurs vers cet objectif. Matthieu présente un portrait spécifique : il montre en Jésus la manifestation éclatante de la présence de Dieu dans sa personne, ce que les Juifs ont constamment contesté. Le récit de la Passion et la Résurrection constituent l’accomplissement des prophéties : la venue du Fils de l’homme instaure le Royaume de Dieu parmi nous. Cet homme était vraiment le Fils de Dieu déclare le centurion au pied de la croix. L’évangéliste s’adresse à des chrétiens imbus de littérature juive, il se doit d’écrire en utilisant les genres auxquels les juifs sont habitués. Matthieu semble peut être éloigné de nous parce que très près de ses compatriotes, mais il n’en est pas moins riche. Nous avons sans doute besoin en notre temps de redonner à Jésus sa divinité alors que la tentation est fréquente de le comparer à Bouddha, Mahomet, Ghandi et autres

Ce long récit de la Passion du Seigneur selon saint Matthieu comporte deux temps : une passion intérieure (26:1-26:46) comprenant un prélude : complot, onction à Béthanie et trahison de Judas ; le repas pascal et la dispersion de la communauté. En second lieu, une passion physique (26:47-27:66) incluant prélude, arrestation de Jésus, procès religieux et civil et enfin l’exécution du jugement (27-66). Le bloc passion intérieure débute par l’exposé du plan divin : Le Fils de l’homme est livré pour être crucifié . L’onction à Béthanie et la trahison de Judas montrent deux aspect, positif et négatif, préparatoires au don que Jésus fait de soi. La trahison de Judas est l’occasion de faire réfléchir chacun sur lui-même

REFLEXION

Une grande semaine débute, la semaine des folies divines et ses contrastes. Alors que les juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous, nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens. (1 Co. 1 :22) La grande folie du Vendredi saint : C’est alors que nous étions sans force, le Christ est mort pour des impies ; – à peine voudrait-on mourir pour un homme juste ; pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir ; – mais la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous. Semaine de contrastes, d’oppositions, de revirements : souffrance et joie inséparables, déception et espérance, culpabilité et certitude du salut, ovation des Rameaux et abandon du vendredi saint, mort de Jésus et salut d’un larron. Croix déconcertante, échec, solitude,
humiliations, absurdité. La crainte de la croix, notre plus grande croix. L’indifférence devant elle, notre plus grand péché.

Q’importent les progrès de ce monde, l’autonomie croissante de notre humanité, l’équilibre naissant dans notre univers humain ; sans la croix de Jésus rien ne serait possible. Mystère divin ! Bien plus, sans les souffrances de nos frères et sours et nos propres souffrances, rien ne peut être espéré : Si le grain ne meurt, il ne peut porter de fruits. J’achève dans ma chair ce qui manque à la passion du Christ pour son Église, confessait l’apôtre Paul.

Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ qui a fait du monde un crucifié pour moi et de moi un crucifié pour le monde. (Ga. 5 :14)

Parole et vie

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