Né à Koursk (Russie), il entre au monastère orthodoxe de Sarov où il devint prêtre. Il quitta la communauté pour aller vivre en ermite dans la forêt voisine pendant vingt-cinq ans. Il regagna ensuite son monastère pour se vouer au bien spirituel du prochain. On accourait à Sarov de toute la Russie, car on savait que le staretz (père spirituel) avait remède à tout. Un matin d’hiver il fut trouvé mort, à genoux contre son lit. Il continue de secourir, dit-on, ceux qui le prient. Son Église l’a canonisé le 19 juillet l903.
Du soin de l’âme
Le corps de l’homme est semblable à un cierge. Le cierge doit se consumer, l’homme doit mourir. Mais l’âme est immortelle et nous devons nous soucier de notre âme plus que de notre corps. Que sert-il à l’homme de gagner l’univers s’il perd son âme? Que donnerait un homme en échange de son âme? (Mc 8,36; Mt 16,26).
Nous estimons que l’âme est plus précieuse que tout, dit Macaire le Grand, parce que Dieu n’a daigné s’unir à aucune autre créature qu’à l’homme qu’il a aimé plus que toute autre créature. Nous devons donc surtout nous soucier de notre âme et fortifier le corps dans la mesure où il doit contribuer à la fortification de l’esprit.
De quoi faut-il munir l’âme ?
De la parole de Dieu, car la parole de Dieu, comme dit Grégoire le Théologien, est le pain des anges dont se nourrissent les âmes assoiffées de Dieu.
Il faut aussi munir l’âme de connaissances concernant l’Église : comment elle a été préservée depuis le début jusqu’à nos jours, ce qu’elle a eu à souffrir. Il faut savoir ceci non dans l’intention de gouverner les hommes, mais en cas de questions auxquelles on serait appelé à répondre. Mais surtout il faut le faire pour soi-même, afin d’acquérir la paix de l’âme, comme dit le Psalmiste : Paix à ceux qui aiment tes préceptes, Seigneur ou Grande paix pour les amants de ta loi (Ps 118, 165).
De la paix de l’âme
Il n’y a rien au-dessus de la paix en Christ, par laquelle sont détruits les assauts des esprits aériens et terrestres. Car ce n’est pas contre les adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes (Ep 6,12).
Un homme raisonnable dirige son esprit à l’intérieur et le fait descendre dans son cour. Alors la grâce de Dieu l’illumine et il se trouve dans un état paisible et suprapaisible : paisible, car sa conscience est en paix; suprapaisible, car au-dedans de lui il contemple la grâce du Saint-Esprit .
Peut-on ne pas se réjouir en voyant, avec nos yeux de chair, le soleil ? D’autant plus grande est notre joie quand notre esprit, avec l’oil intérieur, voit le Christ, Soleil de Justice. Nous partageons alors la joie des anges. L’Apôtre a dit à ce sujet : Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux (Ph 3,20).
Quand un homme acquiert la paix, il peut déverser sur d’autres la lumière qui éclaire l’esprit… Mais il doit se souvenir des paroles du Seigneur : Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton oil, et alors tu verras clair pour enlever la paille de l’oil de ton frère (Mt 7,5).
Cette paix, Notre Seigneur Jésus-Christ l’a laissée à ses disciples avant sa mort comme un trésor inestimable en disant : Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix (Jn 14,27). L’Apôtre en parle aussi en ces termes : Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos cours et vos pensées en Jésus-Christ (Ph 4,7).
Si l’homme ne méprise pas les biens de ce monde, il ne peut avoir la paix. La paix s’acquiert par des tribulations. Celui qui veut plaire à Dieu doit traverser beaucoup d’épreuves.
Rien de contribue plus à la paix intérieure que le silence et, si possible, la conversation incessante avec soi-même et rare avec les autres. Nous devons donc concentrer nos pensées, nos désirs et nos actions sur l’acquisition de la Paix de Dieu et crier incessamment avec l’Église : Seigneur! Donne-nous la paix!
Comment conserver la paix de l’âme
De toutes nos forces il faut s’appliquer à sauvegarder la paix de l’âme et à ne pas s’indigner quand les autres nous offensent. Il faut s’abstenir de toute colère et préserver l’intelligence et le cour de tout mouvement inconsidéré.
Afin de sauvegarder la paix, il faut chasser la mélancolie et tâcher d’avoir l’esprit joyeux . il faut éviter de juger les autres. Il faut entrer en soi-même et se demander : Où suis-je ? Il faut éviter que nos sens, spécialement la vue, ne nous donnent des distractions: car les dons de la grâce n’appartiennent qu’à ceux qui prient et prennent soin de leur âme.
Saint Séraphim de Sarov (1759-1833)