Philosophe et religieuse allemande d’origine juive. Convertie au catholicisme (1922), elle entre au Carmel à Cologne puis à Echt (Pays-Bas) où elle est arrêtée par les nazis. Déportée, elle meurt dans le camp d’Auschwitz-Birkenau. Béatifiée en 1987, canonisée en l998, elle est proclamée co-patronne de l’Europe en 1999.
Si nous nous voyons l’âme humaine dans sa solitude et sa misère, si nous sommes témoins de ce qui l’encercle, de ses chutes et de ses redressements, la certitude rassurante qu’elle est dessinée des mains de Dieu, que son chemin et son but reposent de manière évidente devant l’éclair de l’éternel, et qu’il a donné ordre à ses anges de veiller sur elle, nous accompagnera.
J’avais entièrement changé mes positions à l’égard des personnes et de moi-même. Il ne m’arrivait plus de « combattre » à tous prix mes adversaires. Et si j’avais toujours encore un regard cinglant pour les faiblesses des gens, je ne l’utilisais plus pour frapper leur point faible mais pour le rendre plus beau.
On n’améliore que très rarement les gens en leur « disant la vérité »; ça ne peut les aider que si eux-mêmes accordent une peu de place à la critique. Tu n’es pas seule à faire tout de travers jour après jour- nous le faisons tous. Mais les Seigneur est patient et prend pitié. Contre tout jeu de sympathie et d’antipathie s’élève le commandement du Seigneur : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ceci est valable sans conditions ni exclusions.
Le « prochain » est celui qui vient près de moi, sans exception. Notre amour pour l’humanité est la mesure de notre amour pour Dieu. Pour le chrétien, il n’y a pas « d’étranger ». Celui qui se tient devant nous, le voilà, le prochain. Dans une relation absolue avec un être humain, nous sommes touchés intérieurement par l’existence personnelle de son être comme nous le serions par la main de Dieu. Celui qui aime vraiment voit l’aimé comme s’il « venait de la main de Dieu », comme s’il pouvait être dès maintenant auprès de lui tel qu’il serait lui-même absolument. Dieu a créé l’être humain comme homme et femme, et il les a créés tous deux à son image.
La manière d’être purement masculine et féminine qui se déploie fournit le portrait de Dieu le plus élevé que l’on puisse atteindre dans un premier temps, et la plus forte interpénétration de toute la vie terrestre avec la vie divine. Aux dons maternels naturels de la femme s’ajoute celui de la compagne. Partager la vie d’une autre personne, et prendre part en vérité à toute chose, les grandes comme les petites, les joies et les peines, mais aussi le travail et les problèmes, c’est son don et sa chance.
Qui croit au Christ et à son évangile et espère en l’accomplissement de sa promesse, qui lui est attaché avec amour et suit ses commandements, doit être uni dans une communion d’amour avec tous ceux qui sont dans le même état d’esprit par la plus profonde conviction. Pour comprendre que l’humanité est la totalité qui nous environne et nous porte, il existe une expérience particulièrement significative : celle qui nous unit avec les hommes et les femmes de tous les temps et de tous les cieux, par delà toutes les différences, et l’enrichissement et l’accroissement que nous pouvons expérimenter à travers ce contact avec une autre forme d’humanité.
Je suis persuadée que Dieu n’appelle personne pour Lui seul. Et qu’il est prodigue en preuves d’amour s’il reçoit une âme. Il faut que nous restions ici et maintenant pour gagner notre salut et celui de ceux qui reposent leur âme sur nous, cela ne fait aucun doute. Je crois que plus quelqu’un est entré profondément en Dieu, plus il doit aussi en sortir, c’est-à-dire aller dans le monde pour y porter la vie divine. Qui vit avec l’amour du Christ veut les hommes pour Dieu et non pour lui.
C’est en fait aussi le chemin le plus sûr pour qu’ils atteignent l’éternité. Il est possible que la grâce ne touche pas directement un être humain, mais choisisse plutôt des personnes comme intermédiaires : un être humain peut gagner le salut d’autre personnes de différentes manières. Et pour l’amour d’une âme qu’Il a accueillie auprès de Lui, Dieu peut en attirer une autre. Je sais que j’ai à mes côtés quelqu’un en qui je peux avoir confiance sans aucune réserve, et c’est une chose qui donne calme et force. On apprendra toujours si on écoute les interprétations des anciens sans préjugé, et si on les examine à fond, et plus que jamais en prenant en compte leur expérience. Le principal pour nous est de rester unis dans la prière et de nous retrouver un jour dans la lumière éternelle. Que nous apprenions de plus en plus, chaque jour et à chaque heure, à construite intérieurement dans l’éternité -et pour cela que nous nous aidions les uns les autres dans la prière.
Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, Edith Stein (1891-1942)