Ces jours-cil, une petite palestinienne de quatre ans a été tuée lors de tirs d’obus de la part d’Israéliens. On a riposté en assassinant deux adolescents juifs dans une caverne des environs de Bethléem. Trois innocentes victimes de la guerre qui sévit violemment entre juifs et palestiniens. Trois symboles.
Ces enfants sont sacrifiés à l’autel des malentendus, des préjugés, de la haine et de la violence. En ce coin du monde, la haine est bien ancrée. Elle se développe en escalade continuelle. Elle paraît même indéracinable. Nous sommes témoins de situations qui ne sont pas nouvelles. Depuis toujours ou presque, les conflits habitent cette région.
C’est pourtant dans cette même région qu’a été proclamé l’appel le plus retentissant que la terre ait connu: «Je vous donne un commandement nouveau: aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. (Jean 13, 34-35)
Le coeur humain est capable d’aimer. Il est fait pour cela. Il s’épanouit quand il aime. Au contraire, la haine l’avilit, le détruit, le déshumanise. L’amour est possible quand il y a des affinités, quand le bon vouloir, l’empathie, la confiance sont au rendez-vous. L’amour est facile quand l’autre nous plaît. Mais les gens avec qui on ne sent pas d’atomes crochus, quand les personnalités sont en opposition, l’amour devient alors un difficile défi. Quand l’autre est l’ennemi, cela devient impossible.
Jésus demandait d’aimer l’ennemi. Oui, l’ennemi. Et il savait bien qu’il demandait quelque chose d’exigeant. C’est d’ailleurs au moment où Judas trahit qu’il lance son appel. Quelque chose d’exigeant, de très exigeant même. Une situation limite, vers laquelle on tend sans jamais l’atteindre définitivement. Pas surprenant que l’on perçoive l’action de Dieu derrière l’amour qui unira les disciples. Si ceux-ci parviennent à vivre dans l’unité et l’harmonie au-delà de leurs divergences et de leurs oppositions, cela deviendra un signe de la présence et de l’action de Dieu. L’Esprit sera venu au secours de la faiblesse humaine. «Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples…»
Dans le conflit au Moyen-Orient, le religieux se mêle au politique et à l’ethnique. Pouvons-nous espérer que cette dimension religieuse suscite l’accueil de l’autre plutôt que le fanatisme? Pouvons-nous espérer que l’appel de Jésus soit entendu? Pouvons-nous espérer que les belligérants arrivent à se rejoindre au-delà des frontières de leurs préjugés et de leurs haines? Et que Dieu puisse inspirer les uns comme les autres?