Un enseignant s’inquiétait de ses élèves. La classe traversait une mauvaise période. Les jeunes avaient mauvais caractère. Ils ne s’appréciaient pas tellement les uns les autres. Ils se lançaient mutuellement des invectives. Du mécontentement, des mots durs, des vengeances. Bref, aucune solidarité! C’était, comme on dit, «la chicane dans la cabane»! Une collègue de travail suggéra: «Propose-leur un projet commun!»
Un projet commun! Ouvrir un chantier où tous et toutes pourraient apporter leur contribution, avoir à composer les uns avec les autres, s’entraider. Pour arriver au terme fiers d’avoir réalisé une oeuvre ensemble. On raconte qu’au Moyen Âge on construisait les cathédrales pour canaliser les solidarités et faire naître les fraternités.
C’est un peu le principe que suit Jésus en confiant à ses disciples l’annonce de la Bonne Nouvelle. C’est, du moins, ce qui ressort du récit de la pêche sur le lac de Tibériade après la résurrection.
Pierre – celui que Jésus avait surnommé le «pêcheur d’hommes» – et quelques compagnons revenaient d’une nuit de pêche infructueuse. Rien, pas un poisson. Jésus leur dit de lancer de nouveau le filet. Il aurait bien pu fournir lui-même le poisson. Il se contente d’indiquer la bonne place. Et le filet se remplit de poissons, beaucoup de poissons.
Sur la grève, un feu de braise. Il y a déjà du poisson sur le grill et du pain. Mais Jésus demande aux pêcheurs de fournir eux aussi quelques prises. Jésus peut tout donner, mais il sollicite de la participation.
Plus tard, après le repas, Jésus s’entretient avec Pierre. Il parle des siens. Il en parle comme un berger évoque ses brebis, ses agneaux. Avec attachement. Mais voilà que Jésus confie à Pierre de faire paître son troupeau. Les brebis continueront d’appartenir à Jésus, mais Pierre participera au travail du pasteur. Il aura pour mission de nourrir les croyants et les croyantes.
C’est étonnant: une tâche aussi importante, une mission aussi délicate, une mission divine même, entre les mains des humains. Étonnant et invraisemblable. Mais c’est dans les stratégies de Dieu. Dieu fait confiance jusque-là. L’Église est son oeuvre, mais nous en sommes tous responsables. À cause de cela, elle porte souvent les faiblesses que nous retrouvons en nous. Elle montre parfois un côté fragile. Après tout, elle rassemble des êtres vulnérables. Mais Dieu prend le risque: pour lui, plus elle nous ressemblera, plus elle sera le lieu où il pourra nous rejoindre et rejoindre les plus pauvres.
Église pauvre et vulnérable, Église de petits et de faibles, mais Église de Dieu. Église aux visages humains, le lieu par excellence pour reconnaître le visage de Dieu.