Dimanche prochain, dans les églises catholiques du monde entier, on reprendra un vieux récit évangélique. On racontera le séjour de Jésus au désert. Quarante jours dans des paysages de sable. Quarante jours secs et brûlants. À l’opposé de notre hiver canadien! Les évangélistes en parlent comme d’un temps d’épreuve. Et ils montrent Jésus en train de combattre des tentations.
Toutes les tentations dans la vie ne sont pas mauvaises. Loin de là. Si vous êtes tentés de faire plaisir à quelqu’un, ce n’est sûrement pas une mauvaise tentation. Si vous êtes tentés de prendre des vacances, ce n’est pas nécessairement interdit, au moins de rêver aux vacances. Il y a donc de bonnes tentations pour votre plaisir, pour la joie de vos proches, pour le bonheur des uns comme des autres. Devant ces tentations-là, il ne faut pas se gêner: succombez! Sans hésitation, succombez!
Il y a cependant les mauvaises tentations. Celles qui portent au mal, comme disent les livres sérieux. Si vous êtes tentés de blesser quelqu’un, c’est sans aucun doute une mauvaise tentation. Si vous êtes tentés de piquer un article de magasin, retenez-vous. C’est mal! La mauvaise tentation nous invite toujours à dévier de nous-mêmes, de ce que nous sommes ou devrions être profondément. La mauvaise tentation conduit à ternir le sens de notre vie ou à chercher à devenir ce que nous ne sommes pas vraiment. La mauvaise tentation propose la médiocrité et tout ce qui lui ressemble.
C’est le cas des tentations de Jésus. La tentation l’invite à se prendre pour un autre, à choisir de vivre en deçà de lui-même. Choisir les biens matériels comme s’ils contenaient le bonheur, choisir le pouvoir comme une forme d’épanouissement de soi, se choisir comme absolu.
Ce sont là des mauvaises tentations. Mais elles sont aussi des bonnes tentations en ce sens qu’elles amènent Jésus à faire des vrais choix: suivre sa voie et non bifurquer vers de sentiers douteux. Jésus choisira de vivre sa vie en respectant jusqu’au bout le sens de cette vie. Jésus choisira de vivre sa dignité d’homme quels que soient les obstacles qui se présenteront sur sa route.
J’aime voir Jésus dans ce combat. C’est réconfortant pour nous qui vivons des épreuves semblables tout au long de notre vie. C’est d’autant plus réconfortant que l’issue du combat de Jésus se présente comme un avant-goût de ce qui peut nous arriver à nous-mêmes, un avant-goût de la victoire qui nous attend si nous acceptons d’être fidèles à nous-mêmes comme à Dieu.